Merci
Hybridébridé pour ta réponse très construite, mais je ne partage pas ton analyse sur la difficulté de montée en cadence.
Pour avoir travaillé en tant qu'ingénieur mécanique en aérostructure, et d'avoir vu, de loin, comment se passe l'étape "Industrialisation" (en anglais, manufacturing engineering), et même dans mon travail aujourd'hui, je côtoie régulièrement les personnes travaillant sur les aspects méthodes industrielles de PSA, Renault, Airbus, Safran...etc, je peux dire que la montée en cadence (on dit "Ramp-up" dans le milieu) n'est pas du tout évident, surtout quand tu ne veux pas rajouter une ligne supplémentaire (ultra coûteux, solution bête et méchante).
Parce que bien sûr, l'outil numérique permet de simuler "en gros" le flux industriel et de trouver les meilleures dispositions de la chaîne.
Mais quand on parle de "ramp up", il n'y a pas de miracle, il faut aller chercher à économiser 1 seconde par opération d'un "compagnon" (terme Airbus pour désigner un ouvrier). Ça ne parait pas grande chose, mais quand on sait qu'une voiture est fabriquée tous les 135 secondes (je prend l'exemple du
site Motomachi de Toyota, de taille équivalente et fabrique aussi les voitures de luxe type Crown/Estima...), c'est énorme si on peut gagner 1 seconde.
Je vous conseille de regarder la vidéo de James May ci-dessous, surtout à partir de 1h22, là les ouvriers Toyota UK utilisent des petits astuces pour économiser quelque dixième de secondes :
Là ce que je veux dire, c'est qu'en aucun cas, des petits ingénieurs qui n'ont jamais été dans le quotidien des opérateurs, peuvent aller faire monter la cadence de production, avec leur outil de simulation numérique. C'est un travail de culture d'entreprise où on améliore le process du
bas en haut. Je le dis car très peu d'entreprises françaises ont pigé le Lean, un esprit que je décris : "Comment les ouvriers peuvent réfléchir et améliorer les choses, seuls les ingénieurs (d'intelligence supérieure) en sont capables!".
Et ça, je doute qu'Elon Musk comprenne ses choses, car visiblement, si on atteint pas les objectifs de production, au lieu d'aller chercher à améliorer les process, on vire les gens :
Tesla a licencié environ 400 salariés en une semaine
Moi je pense que cette volonté de grosse montée en cadence, soit heurtée au final, à cette confrontation de culture d'entreprise IT et de fabricant automobile.
Tu as raison de souligner aussi l'importance des fournisseurs dans la chaîne de production de Tesla.
Là aussi, on va voir comment Elon Musk gère les choses. En industrie, il y a aujourd'hui une réelle volonté d'accompagner ses fournisseurs, on les aide pour résoudre les problèmes techniques, on les aide pour qu'ils puissent doubler la production...etc. Il y a un suivi très rapproché pour qu'ils perdurent dans le temps, ce ne sont plus des jetables comme on a l'esprit il y a quelques années.
Airbus parle même de "Extended Entreprise", concernant ses fournisseurs : ça montre l'idée que les fournisseurs sont une sorte de Airbus prolongée.