[Economie & Politique] Toyota renforce son usine française avec 520 personnes de plus et explique ses clés de réussite

Hortevin

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La firme nippone a renforcé la production de son usine à Valenciennes en recrutant 520 personnes dans le Nord pour créer une 3 ème équipe. 200.000 petites Yaris devraient être fabriquées cette année en France.

Le lundi 16 juin au soir, Toyota a démarré la troisième équipe dans son usine française de Valenciennes. Pour cela, la firme nippone a recruté 520 personnes, qui ont suivi une formation de quatre semaines, avec des contrats de six mois renouvelables deux fois. À ce jour, 4.057 personnes produisent la petite citadine Yaris sur le site du Nord.

"En moins de quatre mois, plus de 11.000 candidats ont postulé et plus de 8.000 personnes ont participé au processus de recrutement", affirme le constructeur nippon. "Près de 1.100Yaris seront ainsi produites par jour, contre 840 en deux équipes", sopuligne le premier groupe automobile mondial. L'usine prévoit de produire 220.000 Yaris en 2014.

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(Notons que la Yaris est disponible en motorisation hybride, vous pouvez voir la centralisation de ses essais de presses ici: [Citadine] - Toyota Yaris 3 Hybride - Centralisation des Essais de Presse | Hybrid Life)

Les clés de la réussite


Mais, comment fait donc Toyota? Il est vrai que la firme nippone bénéficie d'une usine récente, créée selon les circuits de logistique les plus modernes, avec du personnel relativement jeune. Ce qui n'est forcément pas le cas pour les vieux sites de Renault à Flins ou de PSA à Aulnay, qui a arrêté la production en octobre dernier, ou à Poissy.

Quels sont donc les fameux ingrédients qui permettent à Toyota de produire contre vents et marées des petits véhicules dans l'Hexagone, en gagnant de l'argent ?
C'est essentiellement un problème de "conception de l'usine. La main d'oeuvre, c'est 8 à 15% des coûts totaux d'une voiture selon les modèles. Mais 8 à 15% proviennent du coût d'amortissement des machines. Ca, c'est lié au niveau d'investissement. 2 à 3% sont générés par les coûts de l'énergie. Il y a donc beaucoup de paramètres", nous expliquait récemment Didier Leroy, président de Toyota Europe et "créateur" du site de la firme nippone à Valenciennes.

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Or, l'usine a été conçue comme un site "maigre" avec des "outils plus simples et moins chers. Cela tient à la conception plus simple de nos voitures. Nous avons aussi un taux de fiabilité supérieur des robots, car nous faisons en interne un certain nombre de développements. Tout ça génère des économies", assurait Didier Leroy.


Beaucoup moins de retouches

Dans les ateliers de peinture, "nous avons prévu de la place pour 37 voitures en stock, contre 250 à 500 chez les concurrents. Nous faisons plus compact, donc moins cher", plaide le dirigeant, un ancien de Renault. Autre exemple: quand on "fait bien du premier coup, on retouche moins les modèles en bout de chaîne. Nous avons à Valenciennes une zone de retouches de 45 places à peine, contre 450 dans une usine standard. Vous faites là de sacrées économies de place, donc vous réduisez à aussi vos coûts", soulignait le dirigeant, un ancien de Renault.

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Et les pièces, d'où viennent-elles? "Nous avons une cinquantaine de fournisseurs français, plus d'une quarantaine de fournisseurs britanniques. Contre une vingtaine en Europe de l'est, une quinzaine en Turquie. 150 sur 200 fournisseurs ne proviennent pas de pays à bas coûts", répondait Didier Leroy, écartant la légende de composants importés massivement d'Europe de l'est. La Yaris a d'ailleurs obtenu en 2013 le label "Origine France Garantie" (OFG).

Source: Toyota a recruté 520 personnes pour son usine française

Pour aller plus loin, je vous suggère de lire le reportage de visite de Valenciennes, pour comprendre davantage le "Toyota Production System" considéré comme la référence de son secteur: Aloha from Onnaing : Une visite à l’usine française de Toyota
 
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Et il faut savoir que tous les employés peuvent apporter leurs idées pour améliorer la chaîne, leur lieu de travail, et cela est récompensé par des primes. Oui c'est du travail à la chaîne, difficile, mais la recherche de l'excellence du constructeur est à la hauteur de sa place, le number one!
C'est peut être ça qui fait la différence avec les autres chaînes des autres constructeurs...
 
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Quelle est la part de subvention que Toyota touche pour produire en France? J'avais lu qu'ils avaient des avantages financiers.
 
Très bonne question.

Je pense que tous les constructeurs automobiles ayant crée des usines en France touchent au début des subventions.
Et ce n'est certainement pas les subventions qui permettent à une usine de perdurer (il suffit de regarder PSA, alors qu'ils ont des excellents relations avec l'Etat...).

Voici d'ailleurs un extrait de l'interview du président de Toyota France en l'an 2000:

Que dire des subventions octroyées ? Toyota est-il un chasseur de primes ?

Jean-Paul VERRET
Nous investissons 4 milliards de francs et recevons 340 millions de francs de subventions. Toyota n’est pas un chasseur de primes et en a reçu moins que Mercedes pour son usine Smart.

Source: http://www.forum-events.com/amphi/synthese-jean-paul-verret-30-16.html

Et 10ans plus, voici un article ( http://ffunivers.blogspot.fr/2011/02/toyota-en-france-les-10-ans.html?m=1 qui dit:

Des aides mais un gros coup de pouce.

Et, en effet, le projet a bénéficié de nombreuses aides publiques pour son implantation. Mais, depuis, les collectivités et les pouvoirs publics en général se sont largement rattrapés. Depuis 10 ans, le constructeur japonais a versé plus de 130 millions € de prélèvement obligatoires mais a aussi investit 937 millions € dans son usine française pour la construire et la moderniser régulièrement. L'usine a aussi massivement recruté dans un bassin fortement touché par le chômage mais à l'envie de travailler et de réussir indéniables. Et cela, sans compter les sous-traitants qui ont accompagné l'implantation de l'usine Toyota.
 
Merci pour les infos!
Dommage qu'ils ne viennent pas également y fabriquer d'autres modèles. L'Auris vient d'Angleterre si ma mémoire est bonne?
Ce sont donc des autos plus Européennes que pas mal de Française en fin de compte.
 
Apparemment j'ai lu que selon la direction japonaise, l'usine Valenciennes est de loin le meilleur:

Ci-dessous, pour ceux que ça intéresse, un extrait de l'article (en fait je me suis trompé, ces propos on été tenu au Financial Times) :

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Les ouvriers français plus productifs que leurs homologues britanniques ou américains ! Le constat est pour le moins iconoclaste, surtout lorsqu'il émane d'un Japonais et pas des moindres, puisqu'il s'agit du directeur de la production mondiale de Toyota. Kosuke Shiramizu, administrateur du constructeur japonais, dans un entretien accordé au quotidien britannique Financial Times, s'est laissé aller à quelques confessions politiquement pas très correctes. Les Britanniques ? Pas vraiment motivés : trop de syndicats et globalement peu performants. Les Américains ne sont pas mieux notés : les employés des usines Toyota situées outre-Atlantique auraient sombré dans la facilité. Trop grassement payés, ils auraient perdu le goût de l'effort. Les Japonais, enfin ? Ce n'est plus ce que c'était. "Ils passent leur temps à traîner et ne sont plus disposés à travailler autant qu'avant", affirme M. Shiramizu.
Finalement, seuls les Français trouvent grâce à ses yeux (...) Et le dirigeant de Toyota d'affirmer que l'usine de Valenciennes, inaugurée en 2001, a d'ores et déjà une productivité de 20 % supérieure à celle de son homologue britannique. Celle-ci, située à Burnaston, près de Derby, accuse des ratios de qualité inférieure à ceux constatés dans le Pas-de-Calais, malgré sa plus grande expérience – elle a été inaugurée au milieu des années 1980.

Par ailleurs une fois l'usine installée, Toyota ne touche plus de subvention car c'est interdit par la loi. (A confirmer).

Source: http://forums.motorlegend.com/vb/showthread.php?t=994
 
Ça craint de plus en plus les syndicats, en plus ça ne sert à rien. Ils disent toujours "Ne vous inquiétez pas, tout ira bien" tu fais confiance et après tu entends "j'ai rien pu faire, tu es viré" et là il faut avouer que si Toyota délocalise, ça fera juste plus de 4500 chômeurs en plus, on n'est plus à ça près maintenant
 
Moi ce que je trouve abusé, c'est que souvent ces syndicats exagèrent la situation pour pouvoir se mettre en valeur, ou bien leurs membres se croient intouchables et profitant de leur position pour glander.

Par exemple, chez Dassault Aviation qui a une tradition de très très bien traiter leurs employés (1/3 du revenu d'entreprise reversé aux salariés, ce qui peut faire une prime de 2,5 à 3,5 mois de salaires par an), la CGT a réclamé une fois que "malgré la forte malaise d'un employé, la direction a refusé que la personne quitte son poste de travail, et grâce au combat des camarades CGT, la personne a pu rentrer chez lui (ou hospitalisé je ne sais plus). La direction a bien l'intention de mettre ses employés en danger de mort...blablabla...
Avec nos collègues on a bien rigolé, parce que c'est totalement pas crédible...
 
Je suis en parti d'accord, mais sans syndicat ça pourrait devenir l'esclavage ;) Dans les PME, c'est vraiment pas toujours la joie.
Faudrait avoir des syndicat et des employeurs raisonnables.
 
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Oui je suis d'accord, c'est bien vrai, les employeurs peuvent aller très loin pour profiter des salariés sans défense (oui je le sais...).
Je ne sais pas comment on peut faire pour créer une structure qui instaure un bon équilibre des forces, j'en ai un peu raz le bol de ces combats Employeur/Employé.
Parfois, j'ai l'impression qu'en France, on ne sait pas penser "gagnant - gagnant", mais "comment je peux t'arnaquer plus"... (employé et employeur sont tous dans ce même schéma...) :(
 
Je relate donc ici les propos du blog CGT sur l'évolution actuelle de ce "combat" avec Toyota:

Le point au 30 juin

Le 30 juin 2014

La direction de l’usine a fait le choix de reculer au moins temporairement. Elle a envoyé vendredi 27 une lettre recommandée à Édith Weisshaupt (reçue lundi après-midi) reconnaissant qu’en refusant sa mutation la direction aurait pu demander le licenciement d’Édith, mais qu’elle ne le ferait pas.

La direction propose à l’ouvrière qui avait déclaré qu’elle avait été « agressée verbalement » par Édith de changer d’atelier.

Édith a pu travailler normalement à son poste de travail aujourd’hui.
La direction a confirmé cette position oralement lundi matin à Philippe Martinez, secrétaire général de la fédération des travailleurs de la métallurgie. Une entrevue est prévue le 7 juillet entre la direction et Philippe Martinez, accompagné d’Éric Pecqueur.
La sanction contre Éric Pecqueur est aussi suspendue jusqu’à cette date.

Nous souhaitons que cette évolution des positions de la direction permette le respect des libertés ouvrières et syndicales chez Toyota.
Mais pour cela il faut que nous restions tous vigilants pour faire respecter les libertés élémentaires des travailleurs.

La bataille de défense des libertés ouvrières doit continuer. La sanction de 5 jours de mise à pied prise contre Édith n’est pas acceptable, elle doit être annulée. La procédure contre Éric n’est pas plus acceptable.
Et les problèmes d’Édith et d’Éric ne sont que le sommet de l’iceberg. C’est au quotidien, pour tous les travailleurs, et le personnel d’encadrement aussi, que doivent cesser les sanctions injustifiées, les brimades les pressions, les vexations…

Source: Pour le respect des libertés ouvrières et syndicales chez Toyota : Le point au 30 juin
 
Nouvelle information sur l'usine de Toyota Valenciennes:
Toyota Onnaing, un site exemplaire en matière d'écologie - RTL.fr

Laver, refroidir, peindre : pour faire une voiture, il faut beaucoup d'eau. Près de 90% de l'eau de l'usine Toyota d'Onnaing provient de la pluie. L'eau qui tombe et qui ruisselle sur le bitume de l'immense parking de 12.000 places est récupérée, puis filtrée. Arnaud Tison, le directeur environnement du site, n'a pas payé une facture d'eau depuis un an. L'an dernier, il avait un peu moins plu sur Valenciennes : il avait dû en acheter. Depuis douze mois, tout vient du ciel et du parking.

Autre particularité : tous les déchets, sans exception, sont recyclés. Rien ne va à la décharge. Chez vous, il y a deux poubelles pour faire le tri. Ici, il y en a 160. Soit autant que de déchets différents à collecter : les chutes de carrosserie, toutes sortes de plastiques, les produits chimiques... Même la peinture récupérée par terre est transformée en ciment.

Une gestion pilotée par ordinateur
Le plus fascinant, c'est la gestion de l’énergie. L'endroit qui consomme le plus dans l'usine, c'estl'atelier peinture. Une voiture passe au four, quatre fois de suite. Chaque fois que l'on met une couche, il faut la sécher. C'est comme dans votre cuisine : il faut allumer un peu avant, mais pas trop tôt, sinon cela coûte cher.

La gestion est pilotée par ordinateur pour gaspiller le moins d'énergie possible. Toyota a voulu une usine exemplaire en matière d'écologie. En terme d'image, c'est bien. Mais il y aussi un intérêt économique : moins d'eau ou moins d'énergie, ça réduit aussi les coûts de production.
 
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