Tricherie anti-pollution: VW suspend ses ventes aux USA et dégringole en bourse
Volkswagen a triché aux États-Unis sur les contrôles antipollution, une duperie qui va lui coûter très cher sur le plan financier, en terme d'image, et risque même de faire tomber de son piédestal le géant mondial de l'automobile.
20 milliards partis en fumée
Rien que lundi matin, ce sont 20 milliards d'euros de capitalisation boursière qui sont partis en fumée à la Bourse de Francfort. A 10h45 (GMT), le titre du constructeur plongeait de 21,80% à 127 euros. "Désastre", "choc", "débâcle": les mots n'étaient pas assez forts dans la presse allemande pour évoquer la commotion suscitée, en plein salon de l'automobile de Francfort, par la révélation vendredi d'une manipulation du constructeur, fierté nationale et numéro un mondial des ventes au premier semestre.
L'affaire, révélée par l'agence environnementale américaine (EPA), "va avoir des conséquences financières considérables pour le groupe, qui ne sont pas encore calculables", estime le spécialiste automobile Ferdinand Dudenhöffer, interrogé par l'AFP, "l'image et la crédibilité de Volkswagen dans le monde entier sont maintenant entamés".
Selon les autorités américaines 482 000 véhicules de marque Volkswagen et Audi, construits entre 2009 et 2015 et vendus aux Etats-Unis, ont été équipés d'un logiciel sophistiqué capable de détecter automatiquement à quel moment ils étaient soumis à un test de mesure anti-pollution des autorités.
Décision drastique
L'un des sièges américains de Volkswagen est situé dans le Tennessee. - © Belga
Pour Volkswagen, l'affaire survient à un "mauvais moment", relève Frank Schwope, analyste de la banque Nord/LB. Faute de produits adaptés à ce marché, friand de gros 4x4, la marque Volkswagen est à la peine depuis des années aux Etats-Unis. La technologie diesel devait lui permettre de se différencier pour gagner des parts de marché.
Suite à ce scandale, le groupe Volkswagen a indiqué lundi qu'il cessait jusqu'à nouvel ordre de commercialiser les modèles diesel quatre cylindres de ses marques VW et Audi aux États-Unis. Les modèles diesel représentaient 23% du total des ventes de la marque Volkswagen en août aux États-Unis. De janvier à août, près de 240 000 voitures ont été vendues sur le marché américain.
Et en Europe ?
Depuis plusieurs années, Volkswagen avait fait du "Clean Diesel", l'un de ses arguments de vente principaux aux USA. Le modèle Jetta avait d'ailleurs reçu le prix "Green Car of the Year" en 2009, lors du Los Angeles Auto Show. - © PAUL BUCK - BELGAIMAGE
Dans ce scénario, ce petit logiciel espion enclenchait un mécanisme interne de limitation des gaz polluants permettant au véhicule de passer le test sans encombres et de se voir décerner un certificat de bonne conduite écologique. Le mastodonte allemand s'expose non seulement à des amendes pouvant se monter au total à 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros), mais aussi aux coûts, des millions voire des milliards de dollars, des rappels de tous les véhicules concernés, et à de possibles poursuites judiciaires de la part des propriétaires.
Et le scandale pourrait faire des petits. "On se demande à présent si la manipulation n'a pas eu lieu non seulement aux États-Unis mais aussi sur d'autres marchés comme l'Europe", souligne Stefan Bratzel, directeur du centre de recherche sur l'automobile CAM en Allemagne. D'ores et déjà le gouvernement allemand a appelé les constructeurs automobiles à fournir "des informations fiables afin que (...) l'autorité compétente puisse vérifier si des manipulations comparables ont eu lieu en Allemagne ou en Europe".
Nous attendons des informations fiables
Le gouvernement allemand a réclamé lundi aux constructeurs automobiles des informations lui permettant de vérifier s'il y a eu en Allemagne des tricheries sur les normes antipollution des voitures, telles que celles admises par Volkswagen aux États-Unis.
"Nous attendons des constructeurs automobiles des informations fiables, afin que la KBA, l'autorité compétente, puisse vérifier si des manipulations comparables ont aussi eu lieu en Allemagne ou en Europe", a déclaré, lors d'un point de presse régulier du gouvernement, Andreas Kübler, porte-parole du ministère de l'Environnement, estimant que pour l'heure, il n'y avait pas d'"indication" allant dans cette direction.
Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, a refusé de commenter ce scandale qui ébranle l'un des groupes phare du pays, affirmant toutefois que Mme Merkel suivait attentivement le dossier. Elle n'était pas au courant avant que l'affaire n'éclate vendredi aux États-Unis, selon lui.
Le gouvernement allemand a ordonné des "tests approfondis" sur tous les modèles diesel de la marque Volkswagen, a annoncé le ministre des Transports Alexander Dobrindt au quotidien allemand Bild.
Vers une démission du patron de Volkswagen ?
Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen, a fait son mea culpa dimanche et promis de coopérer avec les autorités américaines. Mais sur cette affaire il pourrait jouer son poste. - © ODD ANDERSEN - AFP
"Le constructeur va devenir un paria pour le gouvernement et peut-être aussi pour les consommateurs américains", juge Max Waburton, analyste de Bernstein cité par l'agence Bloomberg. M. Winterkorn, le patron de Volkswagen, a fait son mea culpa dimanche et promis de coopérer avec les autorités américaines. Mais sur cette affaire il pourrait jouer son poste.
Il doit théoriquement être prolongé à la tête du groupe pour deux ans, jusqu'à fin 2018, lors d'une réunion du conseil de surveillance vendredi 25 septembre. Ce doit être la consécration pour cet homme de 68 ans après le duel en coulisses qui l'avait opposé au printemps à son ancien mentor et homme fort de Volkswagen, Ferdinand Piëch. M. Winterkorn "est responsable de la division de développement de la marque Volkswagen", pointe M. Dudenhöffer. "Le conseil de surveillance ne peut pas faire comme si de rien n'était, il a besoin d'un nouveau départ pour Volkswagen et selon moi, ce nouveau départ ne peut pas se faire avec M. Winterkorn", aux commandes depuis 2007, tacle l'expert.
Volkswagen a triché aux États-Unis sur les contrôles antipollution, une duperie qui va lui coûter très cher sur le plan financier, en terme d'image, et risque même de faire tomber de son piédestal le géant mondial de l'automobile.
20 milliards partis en fumée
Rien que lundi matin, ce sont 20 milliards d'euros de capitalisation boursière qui sont partis en fumée à la Bourse de Francfort. A 10h45 (GMT), le titre du constructeur plongeait de 21,80% à 127 euros. "Désastre", "choc", "débâcle": les mots n'étaient pas assez forts dans la presse allemande pour évoquer la commotion suscitée, en plein salon de l'automobile de Francfort, par la révélation vendredi d'une manipulation du constructeur, fierté nationale et numéro un mondial des ventes au premier semestre.
L'affaire, révélée par l'agence environnementale américaine (EPA), "va avoir des conséquences financières considérables pour le groupe, qui ne sont pas encore calculables", estime le spécialiste automobile Ferdinand Dudenhöffer, interrogé par l'AFP, "l'image et la crédibilité de Volkswagen dans le monde entier sont maintenant entamés".
Selon les autorités américaines 482 000 véhicules de marque Volkswagen et Audi, construits entre 2009 et 2015 et vendus aux Etats-Unis, ont été équipés d'un logiciel sophistiqué capable de détecter automatiquement à quel moment ils étaient soumis à un test de mesure anti-pollution des autorités.
Décision drastique
L'un des sièges américains de Volkswagen est situé dans le Tennessee. - © Belga
Pour Volkswagen, l'affaire survient à un "mauvais moment", relève Frank Schwope, analyste de la banque Nord/LB. Faute de produits adaptés à ce marché, friand de gros 4x4, la marque Volkswagen est à la peine depuis des années aux Etats-Unis. La technologie diesel devait lui permettre de se différencier pour gagner des parts de marché.
Suite à ce scandale, le groupe Volkswagen a indiqué lundi qu'il cessait jusqu'à nouvel ordre de commercialiser les modèles diesel quatre cylindres de ses marques VW et Audi aux États-Unis. Les modèles diesel représentaient 23% du total des ventes de la marque Volkswagen en août aux États-Unis. De janvier à août, près de 240 000 voitures ont été vendues sur le marché américain.
Et en Europe ?
Depuis plusieurs années, Volkswagen avait fait du "Clean Diesel", l'un de ses arguments de vente principaux aux USA. Le modèle Jetta avait d'ailleurs reçu le prix "Green Car of the Year" en 2009, lors du Los Angeles Auto Show. - © PAUL BUCK - BELGAIMAGE
Dans ce scénario, ce petit logiciel espion enclenchait un mécanisme interne de limitation des gaz polluants permettant au véhicule de passer le test sans encombres et de se voir décerner un certificat de bonne conduite écologique. Le mastodonte allemand s'expose non seulement à des amendes pouvant se monter au total à 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros), mais aussi aux coûts, des millions voire des milliards de dollars, des rappels de tous les véhicules concernés, et à de possibles poursuites judiciaires de la part des propriétaires.
Et le scandale pourrait faire des petits. "On se demande à présent si la manipulation n'a pas eu lieu non seulement aux États-Unis mais aussi sur d'autres marchés comme l'Europe", souligne Stefan Bratzel, directeur du centre de recherche sur l'automobile CAM en Allemagne. D'ores et déjà le gouvernement allemand a appelé les constructeurs automobiles à fournir "des informations fiables afin que (...) l'autorité compétente puisse vérifier si des manipulations comparables ont eu lieu en Allemagne ou en Europe".
Nous attendons des informations fiables
Le gouvernement allemand a réclamé lundi aux constructeurs automobiles des informations lui permettant de vérifier s'il y a eu en Allemagne des tricheries sur les normes antipollution des voitures, telles que celles admises par Volkswagen aux États-Unis.
"Nous attendons des constructeurs automobiles des informations fiables, afin que la KBA, l'autorité compétente, puisse vérifier si des manipulations comparables ont aussi eu lieu en Allemagne ou en Europe", a déclaré, lors d'un point de presse régulier du gouvernement, Andreas Kübler, porte-parole du ministère de l'Environnement, estimant que pour l'heure, il n'y avait pas d'"indication" allant dans cette direction.
Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, a refusé de commenter ce scandale qui ébranle l'un des groupes phare du pays, affirmant toutefois que Mme Merkel suivait attentivement le dossier. Elle n'était pas au courant avant que l'affaire n'éclate vendredi aux États-Unis, selon lui.
Le gouvernement allemand a ordonné des "tests approfondis" sur tous les modèles diesel de la marque Volkswagen, a annoncé le ministre des Transports Alexander Dobrindt au quotidien allemand Bild.
Vers une démission du patron de Volkswagen ?
Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen, a fait son mea culpa dimanche et promis de coopérer avec les autorités américaines. Mais sur cette affaire il pourrait jouer son poste. - © ODD ANDERSEN - AFP
"Le constructeur va devenir un paria pour le gouvernement et peut-être aussi pour les consommateurs américains", juge Max Waburton, analyste de Bernstein cité par l'agence Bloomberg. M. Winterkorn, le patron de Volkswagen, a fait son mea culpa dimanche et promis de coopérer avec les autorités américaines. Mais sur cette affaire il pourrait jouer son poste.
Il doit théoriquement être prolongé à la tête du groupe pour deux ans, jusqu'à fin 2018, lors d'une réunion du conseil de surveillance vendredi 25 septembre. Ce doit être la consécration pour cet homme de 68 ans après le duel en coulisses qui l'avait opposé au printemps à son ancien mentor et homme fort de Volkswagen, Ferdinand Piëch. M. Winterkorn "est responsable de la division de développement de la marque Volkswagen", pointe M. Dudenhöffer. "Le conseil de surveillance ne peut pas faire comme si de rien n'était, il a besoin d'un nouveau départ pour Volkswagen et selon moi, ce nouveau départ ne peut pas se faire avec M. Winterkorn", aux commandes depuis 2007, tacle l'expert.