@mark13 : plus d'1 l/100 km de différence à 130 km/h en vitesse constante entre P4 et CH-R n'a effectivement strictement rien d'anecdotique. En attendant les valeurs WLTP au 01/01/2019, l'ADAC trouve même 2 l/100 km de différence entre P4 et CH-R sur un cycle autoroutier sévère avec variations de vitesse "dures", et en combiné Ville, Route, Autoroute, 1,4 l/100 km de différence en faveur de la P4 avec 4,1 l/100 km pour cette dernière, ce qui semble assez réaliste.
Alors pourquoi une différence d'1 l/100 km, c'est tout le contraire d"anecdotique ?
J'avais appris lors d'une conférence de l'AIE que la durée de vie moyenne d'une voiture dans le monde, c'est...22 ans. En effet, une voiture a souvent une 2ème vie (pour une voiture immatriculée en Europe de l'Ouest, 2ème vie en Europe de l'Est), voire une 3ème vie (en Afrique ou en Asie). En partant sur un kilométrage moyen de 15000 km/an, ça nous donne 330 000 km sur la durée de vie de la voiture. Une
étude récente réalisée aux Etats-Unis sur des voitures récentes et fiables converge sur une longévité supérieure à 200 kmiles, ce que les hybrides Toyota surpassent d"ailleurs aisément.
Bref, pour simplifier le propos, arrondissons à
20 ans et 300 000 km de durée de vie moyenne. Une différence de 1 l/100 km représentera donc sur la vie du véhicule 3000 l d'essence. La base carbone V11.1 de décembre 2014 de l'ADEME nous donne un facteur d'émission du puits à la roue de 2,76 kgCO2eq/litre pour le SP95 E10 (*).
Voilà qui fait donc au terme de la vie de nos deux véhicules séparés par 1 l/100 km
, une différence de 8,28 tCO2eq, différence émise sur 20 ans.
Pour comparaison,
un français émet par an, pour toute ses activités :
- 11,9 tCO2eq/an tout compris en incluant le CO2 "gris" inclus dans les produits importés
- 6,9 tCO2eq/an pour les seules émissions sur le territoire français
Le marché français du véhicule particulier fait environ 2 millions de véhicules neuf par an. Si sur une seule année, tous les français acquéreurs de véhicules neufs
décidaient de prendre la résolution d'acquérir un véhicule consommant 1 l/100 km de moins que leur véhicule précédent, on gagnerait donc 1 392 000 années d'émissions totale de CO2 d'un français, soit sur les 20 ans de la durée du véhicule, l'équivalent de 69 600 français qui n'émettraient aucun CO2 pendant ces 20 ans. Voilà ce que c'est 1 l/100 km de différence entre deux véhicules : très significatif !
Comme le dit Aurélien Barrau dans la vidéo que j'ai postée plus haut, si le drame est désormais inévitable dans une trentaine d'années,
voire plus tôt, on peut encore agir pour éviter qu'il ne soit encore plus terrible. L'exemple ci-dessus est un type d'action efficace pour peu de sacrifices.
Malheureusement, la tendance actuelle ne va pas dans ce sens là, et avec en particulier la coupable mode SUV, on a plutôt tendance à réaugmenter la consommation moyenne réelle des véhicules. Si les acheteurs sont à blâmer, les constructeurs le sont encore bien plus, car que leur proposent-ils, comme véhicules très sobres, en 2018, plus de 20 ans après la sortie de la Prius ? Quasiment rien. C'est une honte (moins pour les japonais et les coréens) !
Et si cette nouvelle Auris sera sobre, elle aurait pu l'être significativement plus en dehors de la ville en mettant au premier plan ses performances environnementales avec une aérodynamique léchée, qui comme Mercedes et d'autres le montrent, ne nuit absolument pas à la ligne du véhicule.
(*) : par comparaison, un véhicule branchable qui consomme 20 kWh/100 km recharge comprise dans un mix électrique à 138 gCO2eq/kWh (ou 15 kWh/100 km dans un mix électrique à 184 gCO2eq/kWh) aura donc l'équivalent des émissions du puits à la roue d'un véhicule thermique qui consomme 1 l/100 km.