Est ce que la recherche de l'efficacité a tué la compétitivité française?

Hortevin

Administrateur HybridLife
Membre du personnel
7/4/14
7 540
6 603
113
37
Fontenay le Fleury
L'autre jour j'ai raconté des Anecdotes Rapportées sur la Culture de travail au Japon , je suis parti dans la réflexion suivante:

Pourquoi les entreprises japonaises, malgré le fait que le salaire japonais soit plus élevé et qu'ils possédent souvent des effectifs trop important, ont généralement une situation économique et financière meilleure que nos entreprises françaises?
(par exemple: Sony vs Thomson; Toyota vs PSA...)

J'ai donc analysé les 2 "faiblesses" que les expatriés français ont pu remarquer dans le monde du travail japonais, et j'ai remarqué que ça devient au contraire l'ingrédient principal de leur force:

1. Inefficacité japonaise: trop d'effectifs pour un travail donné, et pour justifier ce surnombre, le résultat du travail devient très (voir trop) minutieux.

Alors qu'en France, dans les bureaux d'étude, on essaie de pousser au maximum la productivité: une personne doit faire le maximum de choses qu'elle peut. Au bureau, tout le monde est en roche... Or par manque de temps, les ingénieurs n'ont jamais le temps de bien finaliser le produit conçu. C'est pourquoi certains produits peuvent être mal conçu, pas testés suffisamment...etc, qui laisse au client un produit pas tout à fait abouti...

J'irai donc plus loin en disant que très souvent, l'esprit français est davantage "défensif": on pense d'abord à limiter les pertes.
On veut par exemple concevoir une nouvelle voiture, on met le minimum de personnes pour travailler dessus, dans l'esprit "on tente et même si on rate, on ne perdra pas trop de sous...". Et du coup le produit n'est pas parfait et on n'obtient pas le succès (qu'on n'a jamais cru d'ailleurs...)

Alors que l'esprit japonais est différent: on observe la situation et si on voit que c'est vraiment favorable, on met tous les cartes sur table et on joue gagnant. (Esprit Kendo: Quand on y va, on est à fond et on donne tout: frapper avec détermination).
Par exemple, si on regarde Prius, le produit est parfaitement abouti et bien pensé dans tous les domaines: ça veut dire que derrière Toyota a mis plein d'ingénieurs sur le projet pour sortir la meilleure voiture possible. Le surnombre de personnel est donc une force: car avec plus d'ingénieurs, on a plus de temps pour finaliser le produit dans le moindre détail; c'est aussi la base pour avoir plus d'idées.

Donc des effectifs trop gros au Japon leur permet de concevoir des produits mieux fini, d'avoir la possibilité de faire des plans marketing plus détaillés...etc.
Tous ça sont des gages pour gagner plus souvent les exportations.

Alors que nous on est dans un circle vicieux où on met pas les moyens pour gagner un projet d'exportation, du coup on perd. Et au prochain appel d'offre on met encore moins de moyens pour limiter les pertes, et on reperd...et on finit sans cesse de se replier sur nous même.

2. Le système japonais de promotion par ancienneté: celui qui dirige n'est donc pas forcément le plus compétent

Or comme souligne nos expatriés français, les bonnes idées arrivent généralement à émerger dans les réunions des sociétés japonaises, alors que ce n'est pas le cas en France (je l'ai vécu plusieurs fois).
J'ai trouvé moi une explication logique: Au Japon comme la promotion se fait par ancienneté, personne craint que la bonne idée du collègue va lui permettre d'être promu plus rapidement.
Alors qu'en France, comme la promotion se fait par compétence, on aura plus tendance à bannir les bonnes idées des autres pour éviter qu'on pique sa place...


Donc au final, le système français qui pousse la productivité et l'efficacité au maximum (travail par personne, promotion par compétence) semble logique, mais derrière, pour moi, ça a tué la compétitivité des industries françaises...malgré la haute compétence de nos ingénieurs.
 
  • Like
Reactions: Siegfried
Ce n'est pas tant les différences qui expliquent le mal français. Je vous renvoie au Marianne qui titrait "les grands patrons français sont-ils nuls ?" avec les 7 péchés du capitalisme français :
  1. une logique financière plus qu'industrielle
  2. la gloutonnerie des actionnaires
  3. le manque d'investissement
  4. le crépuscule des familles
  5. la préférence pour la pierre et la rente
  6. le penchant pour l'idéologie
  7. touchez pas au grisbi ! (des millions de bénéfices dorment sur des comptes ... pour échapper au fisc lors de la revente!).
Très intéressant à lire !
 
  • Like
Reactions: Hortevin
Oui le système Elitiste-aristrocratique des grands patrons français explique une partie du problème...mais ce serait trop facile de mettre tous les fautes sur leur dos (même s'ils le méritent). :p

L'état d'esprit défensif "il faut limiter les pertes au lieu de penser comment gagner" est généralisé partout, dans les PMEs, et à tous les échelons... et cet état d'esprit fait qu'on manque la volonté et les moyens de faire les choses bien dès le début (et on finit par payer plus cher pour réparer...)

Petit anecdote pour illustrer: à la Seconde guerre mondiale, les français ont conçu des petits chars biplaces (pilote+chef de char) pour limiter de perdre trop d'hommes, quand un char serait détruit. Or le chef de char est complètement débordé au combat: il doit diriger le pilote, pointer le canon, le charger, chercher les ennemis, sortir le petit drapeau pour communiquer avec les autres chars...
Alors que les allemands ont des chars avec 5 équipages (pilote, radioman, chef de char, tireur et chargeur). Bien que plus fragiles, les chars allemands sont bien mieux conçu pour coordonner les attaques...
Et je ne parle même pas de la ligne Maginot.

Mais ce soir, vive la France! Et j'espère qu'on gagnera contre les allemands! :cool:
 
On verra bien ce soir :)
Sinon les patrons sont quand même ceux qui signent les gros chèques à la fin. Ils orientent donc les décisions de l'entreprise.