Deux articles parus ce jour dans le quotidien économique suisse L'AGEFI :
Les véhicules électriques court-circuitent les voitures traditionnelles
Les ventes d’automobiles électriques ont maintenu leur rapide croissance en 2018: elles ont grimpé de 82% aux Etats-Unis et de 33% en Europe.
L’industrie automobile subit une transformation radicale. Ce changement est motivé par des réglementations mondiales strictes en matière d’émissions des véhicules, associées à des progrès technologiques rapides. Alors que les ventes mondiales de véhicules traditionnels équipés d’un moteur à combustion ralentissent, les ventes de véhicules électriques sont en hausse. Un marché tiré par la Chine En 2018, le nombre total de véhicules électriques vendus dans le monde est passé à 2,1 millions, dépassant le taux de pénétration de 2,3% sur le marché des voitures particulières. Le marché mondial croît rapidement, multiplié par sept depuis 2013 et par deux depuis 2015. La part des véhicules électriques était de 68,1%, celle des véhicules électriques hybrides rechargeables de 31,7% et celle des véhicules électriques à pile à combustible à seulement 0,2%. La prédominance des véhicules 100% électriques sur les hybrides valide l’adhésion des consommateurs à la mobilité électrique. Une grande partie de la croissance en 2018 a été tirée par le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde, la Chine, qui représente maintenant 55% de la part du marché mondial des véhicules électriques. L’Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM) prévoit que 1,6 million de nouveaux véhicules à énergie renouvelable seront vendus en 2019, car ils constituent une part importante de la politique environnementale du gouvernement chinois. Les ventes de véhicules électriques aux EtatsUnis ont grimpé de 82% l’an dernier et peuvent être attribuées au lancement réussi du modèle 3 de Tesla. Les ventes en Europe ont augmenté à un rythme plus lent de 33% en 2018, principalement en raison des perturbations causées par la nouvelle procédure mondiale harmonisée d’essai des véhicules légers (WLTP), la WLTP est utilisée pour mesurer la consommation de carburant et les émissions de CO2des voitures particulières, ainsi que leurs émissions polluantes. Les pays nordiques, avec la Suède, la Finlande et l’Islande en tête, ont fait de grands progrès dans l’adoption des véhicules électriques. La Norvège reste en tête du peloton pour ce qui est de l’adoption des véhicules électriques sur le marché de masse et constitue une illustration de ce que les marchés développés pourraient connaître au cours des cinq à dix prochaines années. Dans le cadre de la trajectoire de croissance actuelle, les producteurs de véhicules électriques ont le potentiel de presque quadrupler leur production d’ici 2020, passant à 4,5 millions d’unités, représentant environ 5% du marché mondial des véhicules légers, selon le cabinet McKinsey & Co. Le progrès technologique, fer de lance Les améliorations technologiques apportées aux batteries des véhicules électriques en matière de densité, de chimie et d’utilisation des matières premières réduisent les coûts des batteries et devraient rendre les véhicules électriques encore plus compétitifs par rapport aux véhicules à moteur à combustion interne d’ici 2025. En 2013, un véhicule électrique moyen pouvait parcourir de 130 à 145 kilomètres sur une charge complète, aujourd’hui son autonomie est plutôt aux alentours de 250 à 400 kilomètres. Le temps de charge est également passé de 40 à 60 minutes en 2010 à environ 20 à 45 minutes en 2019. Cela permet de s’attaquer à un obstacle clé «le stress de l’autonomie» qui a freiné les consommateurs pour le moment. L’infrastructure de charge est également en train de rattraper son retard. La capacité de production de batteries en Chine a fait un bond en avant et devrait passer de 15 GWh (Giga Watt heures) en 2016 à 110 GWh en 2020. L’Europe devrait également étendre sa chaîne d’approvisionnement durable en batteries, comme en témoigne l’annonce par la Commission européenne d’un investissement de 100 milliards d’euros dans la capacité de production de batteries au lithium-ion en octobre 2018. La Commission européenne s’attend également à ce que 50 milliards d’euros supplémentaires permettent d’atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé, à savoir disposer d’une offre nationale de production de batteries au lithium-ion pour répondre à la demande intérieure croissante.
La régulation reste la pierre angulaire de la mobilité électrique
Des subventions généreuses et des règlements stricts ont contribué à la croissance des véhicules électriques. Toutefois, il faut s’attendre à ce que les incitatifs et les subventions soient progressivement éliminés et à ce que la réglementation demeure le facteur principal de l’adoption des véhicules électriques à l’échelle mondiale. Après plus d’une décennie de subventions, le gouvernement chinois semble maintenant vouloir tirer la prise. Comme les ventes de véhicules électriques vont continuer d’augmenter, le coût des incitations va continuer de progresser. Par conséquent, la Chine a indiqué que l’accent doit être mis sur les voitures ayant un attrait plus mondial et s’appuie sur l’autonomie comme critère clé pour l’octroi de subventions. La Chine les a ainsi réduites pour les véhicules avec moins de 150 kilomètres d’autonomie et devrait les supprimer progressivement d’ici 2020. Cependant, elles ont augmenté de 10% pour les véhicules d’une autonomie d’au moins 400 kilomètres afin de stimuler davantage et d’orienter le développement du marché des véhicules électriques vers toujours plus d’autonomie. La Commission nationale chinoise pour la réforme et le développement (NRDC) met également en œuvre un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission, semblable aux crédits ZEV (véhicules à émissions nulles) introduits en Californie. Entre-temps, l’Europe s’est lancée dans une réglementation agressive en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour respecter l’accord de Paris sur le climat. Il vise une réduction moyenne de 117 g/km des émissions de CO2 d’ici 2021, une réduction supplémentaire de 15% d’ici 2025 et de 37,5% d’ici 2030 pour les véhicules neufs. Des répercussions sur les produits de base Contrairement au reste du monde, les politiques du gouvernement américain ont été mitigées au cours de la dernière année. Bien que le remboursement d’impôt fédéral demeure en vigueur pour les véhicules électriques, la récente législation fiscale l’a limité aux 200.000 premiers véhicules électriques rechargeables vendus par un fabricant. Dès que le seuil est atteint, les incitations disparaissent. Non seulement les États-Unis se sont retirés de l’Accord de Paris sur le climat, mais en avril 2018, l’administration Trump avait l’intention d’affaiblir les futures normes de rendement énergétique pour la première fois depuis leur adoption en 1975. Néanmoins, le mouvement America’s Pledge, dirigé par le gouverneur californien Jerry Brown et l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, a poussé les villes, les États, les entreprises et les universités à s’engager à réduire leurs émissions. Nous nous attendons à ce que le rythme rapide de l’innovation dans la technologie des batteries, conjugué à une réglementation plus stricte, accélère l’adoption en masse des véhicules électriques. Au fur et à mesure que l’adoption des véhicules électriques prendra de l’ampleur, elles auront des répercussions d’une grande portée sur les produits de base. Nous nous attendons à ce que les matières premières telles que le nickel, le cuivre, l’argent et les éléments plus petits tels que le cobalt et le lithium bénéficient de l’adoption des véhicules électriques