Les bonus qui sont accordés à un modèle ou à une catégorie de véhicules me semblent bêtes par nature et ont souvent eu des effets secondaires sans montrer d'efficacité. On pousse les faibles émetteurs de CO2, puis les petites essence, maintenant les rechargeables, et c'est suivi respectivement de augmentation du diesel, augmentation des rejets de CO2, puis des rechargeables qu'on ne recharge pas... Le concept même de bonus "one-shot" à l'achat me semble très inefficace. On ne devrait pas viser à vendre plus ou moins de telle ou telle catégorie de voitures ; on devrait viser à faire baisser la consommation globale.
Et pour ça, la bonne façon est de renchérir le coût du carbone. Ce n'est pas la taille des voitures, leur prix, leur puissance réelle ou fiscale, leur technologie ou même leur consommation aux 100 km qui doit guider l'incitation - c'est le coût global d'exploitation. Et pour ça l'incitation ne doit pas être versée/taxée une fois quelle que soit l'utilisation, mais faire en sorte que chaque km fasse une différence.
Si avec ma voiture "standard" le km me coûtait 30 cents, ou s'il coûtait 60 cents, suivant mon kilométrage annuel la différence sera plus ou moins grande. Si je ne fais que 3.000 km par an, peut-être que ça ne vaut pas le coup d'optimiser ; mais si je fais 25.000 par an, je vais clairement y réfléchir et chercher la meilleure solution pour mon cas (voiture qui consomme moins, qu'elle soit hybride ou non, rechargeable ou non, électrique ou non, voire une alternative pour baisser mon kilométrage - transports en commun, déménagement, renoncement à certaines activités).
Effectivement les riches vont continuer à cramer du pétrole, mais 1. ils le font de toute façon dans le scénario du bonus "one-shot" et 2. on s'en fout, ils ne représentent pas la masse des kilomètres parcourus. C'est triste mais la masse des km parcourus l'est par des 208, Clio et Megane en France. Donc taxer par principe les grosses voitures, et aider par principe fiscalement les petites voitures, ne nous aide pas vraiment.
Pour le reste, je ne sais pas s'il faut aider spécifiquement les pauvres à avoir des alternatives ; je pense qu'il faut offrir des alternatives qui vont pour tout le monde.
J'anticipe déjà l'argument bidon "oui mais les pauvres n'ont pas le choix - ils DOIVENT prendre leur voiture". Effectivement, dans notre modèle où le pétrole est bon marché, le choix de rouler beaucoup est plus intéressant que de se loger près de son travail par exemple. C'est bien le souci. Si le km effectué était (beaucoup) plus cher, les priorités seraient revues et on aurait des changements de comportements : habiter plus près de son travail, troquer la maison individuelle contre l'appartement, prendre des véhicules qui consomment moins,... On fait comme si le modèle actuel était le meilleur et devait être perpétué tel quel ; on oublie seulement
à quel prix on le pratique dans les pays occidentaux.
Je résume pour ceux qui ont eu la flemme de tout lire : si on veut pousser vers des comportements vertueux, il ne faut pas taxer/subventionner les "outils" mais le carburant. Si cramer un litre de pétrole coûte 5 €, on n'aura plus du tout la même consommation que si ça coûte 1 €. Dans ce modèle, pousser ou taxer une catégorie de voiture n'a aucun sens.
EDIT - et pour répondre plus spécifiquement à la question : oui, je me moque si les riches achètent des Ferrari. Ce n'est pas l'
achat qu'il faut encourager/décourager, c'est l'utilisation du pétrole. En ce qui me concerne je souhaite que tous ceux qui peuvent achètent une Ferrari, puis la nettoient tous les jours sans la faire rouler