Les mensonges du nucléaire

Il ne viennent pas du GIEC en tout cas alors qu’ils font référence sur le sujet.

Éolien et solaire sont minorés par rapport au GIEC et le nucléaire est fortement majoré. Accordons le bénéfice du doute à ce qui peut être une erreur. Reste que je n’ai encore jamais, pas une seule fois, rencontré une erreur dans l’autre sens.
 
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Reste que je n’ai encore jamais, pas une seule fois, rencontré une erreur dans l’autre sens.

C'est vrai ca.
Et depuis Fukushima, le phénomène s'accélère. C'est d'autant plus cocasse que Fukushima n'était pas un accident nucléaire...
Je me demande en fait si le dénigrement systématique et les fausses informations sur le Nucléaire n'ont pas comme origine un certain 26 Avril 1986...
 
D'où sortent leurs chiffres?
Les chiffres viennent de l'Ademe, sur cette page.
66 gCO2éq/kWh correspondent selon l'Ademe aux émissions moyennes des centrales nucléaires dans le monde.
Mais dans cette page, il est aussi écrit que ce n'est pas représentatif du cas français, qui lui, correspond à 6 gCO2éq/kWh.

Quand j'ai vu le tableau de l'Ademe, je me suis arrêté à la valeur de 66. Il faut vraiment chercher pour trouver l'autre valeur. Je n'ai pas l'impression que ça correspond à une volonté de tromper.
 
Ah ah, t'es tombé dans le maquis intellectuel de l'ADEME.... Tu vas voir, c'est compliqué ! Et contrairement à toi, je soupçonne quand même un poil de volonté d'induire en erreur les gens qui lisent vite.

L'ADEME maintient ce qu'ils appellent la "base carbone", qui comprend les impacts carbone de l'électricité.

On y trouve les chiffres "officiels" de l'ADEME pour les moyens conventionnels FRANCAIS, dont le nucléaire :

Capture d’écran 2020-11-26 à 23.50.33.png

Donc 6 g CO2/kWh pour la France. Jusque là, ça va.

Dans la partie Renouvelables, ils donnent des chiffres pour éolien, photovoltaïque etc... A chaque fois pour la France :

Capture d’écran 2020-11-26 à 23.51.57.png

Mais dans le bas de la page des Renouvelables, pour une raison incompréhensible, ils donnent "à titre d'information" les résultats d'une seule autre étude, celle de Sovacool de 2008 : et là, ils mettent tous les résultats de cette étude-là dans un beau tableau, qui n'a rien à voir avec le reste de la page :

Capture d’écran 2020-11-27 à 00.41.38.png

Et là, effectivement, on se retrouve avec le nucléaire à 66 g, et les autres chiffres qu'on retrouve dans le manuel. C'est le tristement célèbre 66 g qu'on voit repris souvent...

Or ça pose plusieurs problèmes :
- l'étude de Sovacool porte sur la production "moyenne" dans le monde, pas sur le cas spécifique français. De base, ça n'a rien à faire sur le site de l'ADEME qui ne concerne que le France.
- l'étude de Sovacool a été beaucoup critiquée pour sa méthodologie. Le monsieur a fait une moyennes de certains opérateurs (corrigé : exploitants) nucléaires, mais sans pondérer en fonction de la production - l'exploitant d'une seule centrale a le même poids que les 58 centrales EDF dans son résultat.
- Sovacool lui-même est un fervent anti-nucléaire, ses travaux sur le sujet sont controversés
- on ne sait pas pourquoi l'ADEME a choisi cette étude en particulier parmi toutes les disponibles. Il se trouve juste que c'est celle qui donne le plus mauvais résultat pour le nucléaire...

A côté de ça, le GIEC, sur base d'une méta-étude mondiale, trouve 12 g pour le nucléaire, et l'Agence Internationale de l'Energie Atomique trouve 14.9 g.

L'ordre de grandeur de l'étude de Sovacool ne correspond pas, et pourtant c'est celle que l'ADEME affiche "à titre d'information" (alors que les chiffres mondiaux sont en dehors de son domaine de compétence).

Effet tragi-comique de cette embrouille : en écrivant la PPE, la loi de programmation pluri-annuelle de l'énergie, c'est la valeur de 66g qui a été retenue pour le nucléaire français. Il a fallu une question au gouvernement par un sénateur pour qu'on admette que c'est une erreur, et qu'on doit prendre 6 ou 12g comme valeur (suivant l'ADEME ou le GIEC).



Bref : l'ADEME, qui fait foi pour la France, donne 6 g/kWh pour EDF. Le GIEC, qui fait foi au niveau international, donne 12 g pour le monde. Et l'ADEME affiche quand même "pour information" un 66 g pour le monde qui est contestable et qui est hors de son domaine de compétences. Pourquoi ?
 
Merci FoLuxo FoLuxo. Incompréhensible, en effet, cette citation de 66g/kWh par l'Ademe.

Question bête: qu'est-ce qu'un opérateur nucléaire? Je n'ai trouvé que ce qui concerne le métier lié à la maintenance et la sécurité...
 
C’est le terme anglophone pour une entreprise qui « opère » des centrales. En français correct le terme correct serait « exploitant », parce qu'en effet en français l'opérateur est la personne qui pilote concrètement le réacteur.
 
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Petit mensonge ce matin de la ministre de l’écologie, glissé subrepticement dans une longue « explication » du fait que Macron ne semble pas d’accord avec elle sur le nucléaire.



Le mensonge est évidemment le fait que « les EnR sont plus decarbonnées même que le nucléaire ». Pour rappel d’après l’ADEME les valeurs des rejets en France (ADEME qui est pourtant plutôt anti-nucléaire) :

Nucléaire 6 g CO2/kWh
Éolien 15 g
Photovoltaïque 55 g

Donc le photovoltaïque qui émet 9 fois plus de CO2 que le nucléaire est quand même plus décarboné d’après notre chère ministre.

Elle aurait dit « au même niveau », je n’aurais pas réagi en supposant qu’elle parle en ordre de grandeur. Mais dire que c’est plus faible, c’est encore une tentative de désinformer.
 
FoLuxo FoLuxo:
La RTBF a publié hier un reportage sur un problème de contamination d'une rivière en Flandre, la Molse Nete. D'autres endroits du pays seraient également concernés.

Et sur un sujet que tu as déjà évoqué: l'enfouissement des déchets hautement radio-actifs en Belgique, dans un article paru il y a quelques jours:

Toi qui connait ces sujets comme ta poche, qu'en penses-tu?

Perso, pour le premier sujet, ça semble tout de même très inquiétant, d'autant plus que d'autres sites seraient dans le même cas. Il va falloir que les autorités se bougent et trouvent une solution au lieu de prétendre qu'il n'y en pas ou que tout va bien.

Pour le deuxième, la question est à nouveau de savoir si ces déchets vont pouvoir être recyclés ou s'ils doivent être définitivement enfouis. Ce n'est toujours pas tranché, mais il semble ne pas y avoir de lieu suffisamment propice en Belgique pour accueillir valablement l'enfouissement.
On en avait déjà parlé, mais j'aimerais un petit rafraichissement de ton analyse à propos de ce cas belge.
 
La pollution parisienne est à l'origine de milliers de décès prématurés chaque année. Pourquoi on ne la classe pas comme zone d’exclusion ?

On devient totalement fous dès qu’on parle de pollution nucléaire. La moindre trace et il faut tout arrêter. Pourtant la pollution on vit dedans depuis des siècles, on l’accepte, ça n’empêche pas l’espérance de vie d’augmenter...
 
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J'ai lu le premier article. F FlyingChair a raison : on fait un caca nerveux sur des sujets qui n'en sont pas... Et c'est d'autant plus exaspérant que l'article est bâti sur des mensonges par omission et ne révèle rien de dangereux.

Il y a trois trucs qui me chiffonnent. Ou plutôt, qui me gavent carrément, parce qu'on est en plein dans le sujet de ce topic : les mensonges du nucléaire et la manipulation d'un journaliste.

Déjà la méthode : le journaliste choisit un expert d'une organisation qui est l'essence même de la position anti-nucléaire. Quelles sont les chances que le mec dise qu'il n'y a pas de souci ? Ils n'ont pas réussi à trouver un universitaire qui serait plus neutre ? Ou alors prendre un mec de Greenpeace et un de l'industrie pour parler des résultats chiffrés ?

Ensuite, le ton. Le titre est aussi pompier que possible. On a des phrases sans aucune signification qui sont de l'ordre de l'opinion personnelle de l'auteur : "la rivière Molse Nete est fortement polluée par les eaux de rejets du même site nucléaire" ; "la région va en subir les conséquences pendant plusieurs siècles" ; "dans la terre prélevée, il y a beaucoup de Becquerels" ; "les berges de la Molse Nete sont donc fortement contaminées" ; "les berges de la Molse Nete sont fortement polluées à plusieurs endroits. C’est un fait scientifique. Et elles le resteront pendant plusieurs centaines voire des milliers d’années." Même les photos montrent des mecs faire des prélèvements avec gants, tenue de protection, bottes et masques, à croire qu'ils étaient dans le réacteur de Tchernobyl, pas la campagne Belge. Les réponses des autorités sont réduites à "tout va bien", sans arguments, histoire de les faire passer pour des méchants. J'aurais aimé voir leur réaction sur les chiffres, c'était le seul élément factuel de l'article. Bref, le journaliste s'efforce d'imposer son opinion personnelle au cas où on risquerait d'arriver à d'autres conclusions.

Enfin, et surtout, les chiffres. C'est là que ça me gave vraiment. Je l'avais dit plus haut dans ce topic (et je conseille la lecture du post complet) :

Il faut savoir qu'on arrive à mesurer une activité absolument infime. Être capable de détecter et mesurer de la radioactivité ne signifie pas qu'il y a danger, loin de là.

Seules les mesures en Sieverts par heure sont parlantes et utiles. Tout le reste est de la mesure technique qui ne dit pas grand-chose sur le risque ou les effets sur les personnes. Si un article mélange les unités, c'est soit pour informer des gens très pointus, soit pour faire peur. En particulier, les mesures en Becquerel, qui comptent littéralement le nombre d'atomes, donnent tout de suite des gros chiffres - très utile pour faire peur.

Aucune surprise : le plus simple et le plus parlant aurait été de se promener sur le site avec un dosimètre. Ça aurait donné des valeurs réelles de dose subie en milliSv/an ou microSv/heure, donc une lecture directe du danger (ou de l'absence de danger...) pour les habitants. Mais non, Greenpeace préfère s'emmerder à faire des prélèvements et à les emmener en France pour faire des mesures en Becquerels/kg, alors qu'on ne peut pas tirer de conclusion de ces mesures pour estimer la gravité (ou non) de la situation.

Alors on regarde les valeurs en Becquerels/kg qu'ils ont trouvées. Le plus élevé que j'ai vu dans l'article c'est "Sur les berges de la rivière, nous sommes en moyenne à 1000 Bq/kg avec des pics à plus de 5000 Bq/kg". Un peu plus bas, on a une longue litanie : 500, 700, 800, 1000 Becquerels/kg. Et ces enfoirés d'ajouter un beau petit mensonge par omission : "En 2018, on enregistre encore des valeurs qui dépassent parfois les 400 Bq/kg pour le Césium 137. C’est toujours au-dessus des normes d’exemption, le seul outil qui permet d’établir des comparaisons."

Du coup je vais les aider à avoir "un outil pour établir des comparaisons". La radioactivité naturelle du granit, c'est 4.000 à 6.000 Becquerels/kg. Faites la comparaison entre ça et tous les chiffres de l'article. Évidemment, le monsieur préfère parler de "mesures 500 fois supérieures à ce que l’on retrouve habituellement", ce qui est sans doute vrai, mais sans conséquence et un gros mensonge par omission.

Enfin, dernier mensonge dans les chiffres : "Tritium mesuré à 1.000 Bq/l dans les eaux de la rivière. Dix fois au-dessus de la norme européenne applicable aux eaux de consommation humaine. Ce n’est pas le cas de la Molse Nete. Mais, ça donne une idée de l’ampleur du rejet." Ça donne surtout une idée de l'ampleur du mensonge par omission. L'Europe a effectivement donné une directive (pas une norme dans le sens obligation : un conseil) à 100 Becquerels/litre. Mais la limite établie par l'OMS pour l'eau potable consommée régulièrement, c'est 10.000 becquerels/litre. Et on parle de consommation régulière, ce qui n'est pas le cas ici ; ici, c'était une mesure unique en 1997, toutes les autres mesures étant largement meilleures....

Au final, qu'est-ce qu'il faut comprendre de la situation ?

Il y a des rejets de radioactivité de l'usine dans l'environnement. Personne ne le nie, ça fait partie du fonctionnement normal, surveillé, mesuré. Il y a même un tuyau qui permet de les acheminer vers la rivière, on ne peut pas dire que c'est caché... Il y a peut-être eu ponctuellement des rejets supérieurs aux normes (dur à dire), mais le résultat de ces rejets n'a rien de dangereux pour la population. La pire des mesures qu'ils ont trouvée, en un endroit, est à peu près équivalente au granit. Du coup la phrase de la conclusion de l'article prend tout son sens : "Pourquoi ne pas avoir au minimum fermé l’accès au public et balisé ces zones contaminées ? Réponse du gendarme du nucléaire : " Les scénarios d’exposition que vous mentionnez, ainsi que d’autres comme des randonneurs ou des pêcheurs sur la berge ont été pris en compte… et les doses associées ne justifient pas des mesures comme celles que vous citez "." La conclusion est donnée clairement, fermer l'accès au public serait aussi utile qu'évacuer la Bretagne parce qu'on y trouve beaucoup de granit. Mais cet imbécile arrive à écrire un article complet qui fait croire le contraire.

On est dans la désinformation habituelle de Greenpeace. Les techniques sont toujours les mêmes : les Gros Chiffres, le doute, réduire la parole des autorités à "tout va bien" pour bien établir le camp des gentils et des méchants, un ton angoissant, des photos choc... Pour faire simple : Greenpeace ment systématiquement à propos du nucléaire.

Dernier élément : on mentionne des cas de leucémies qui seraient plus nombreux dans le coin. Je ne connais rien en médecine et en stats, je ne vais pas m'aventurer sur le sujet. Ce qui me semble foireux, c'est de tirer une conclusion entre ça et le reste de l'article, qui est à peu près vide. Et vu le précédent de "l'affaire des bébés sans bras" en France, j'attendrais d'avoir des éléments un peu plus sérieux que cet article pour me faire une opinion.
 
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Ok, merci FoLuxo FoLuxo.
Désolé, j'avoue ne pas connaître le Sievert, comme j'avoue aussi ne pas avoir lu tous tes posts. Je comprends nettement mieux grâce à tes explications parfaitement claires. Tu es un excellent pédagogue et moi un piètre élève... :bag:
Le fait que l'expert vienne de Greenpeace me gênait un peu et j'étais un peu étonné de voir son accoutrement, mais comme il était présenté comme un universitaire, je m'étais dit qu'il avait l'air tout de même sérieux. J'avais donc tout faux!
Je serai désormais mieux informé avant de poster les bêtises de la RTBF. :shamefullyembarrased:
 
Un nouveau reportage RTBF sur le même sujet, avec le même expert de Greenpeace, mais à un endroit différent. Cette fois, c'est Umicore (à Olen, près d'Anvers), connu ici pour le recyclage de différents matériaux, dont les batteries de VE, qui est mis en cause.
Les données "effrayantes" sont à nouveau exprimées en Becquerels, mais aussi cette fois en mSvs/h. Même avec une explication concernant cette dernière, on ne précise toujours pas que pour l'organisme, seul compte le Sievert, pas le Becquerel.
On mélange aussi allègrement différents éléments (Cobalt, Radium,..), sans expliquer que la radioactivité des uns et des autres n'est pas la même.

 
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Je passe sur la partie financière, je ne connais pas les ordres de grandeur pour la Belgique. C'est plus la partie radioactivité qui m'intéresse.

L'article ne mentionne pas un truc qui me semble important : la décharge, et surtout le point mis en avant (contamination au radium en un point en dehors de la clôture) n'a pas de rapport avec l'électricité nucléaire. Ces déchets proviennent de la fabrication de sources à destination de la médecine. Jusque dans les années 60, on utilisait surtout du radium pour le traitement des cancers. L'usine qui se trouvait là fabriquait ce genre de source médicale. L'article parle aussi d'uranium à destination militaire, et j'ai lu que le site à également fabriqué du combustible nucléaire pour les centrales, mais l'uranium n'est pas en cause ici, le problème ce sont les déchets de radium. J'en conclus que Greenpeace milite pour l'arrêt de la médecine aussi...

Pour ce qui concerne les mesures : clairement, les 10 microSv/h et les 22.300 Becquerels/kg mesurés sont anormaux. On n'est pas du tout dans l'habituel. Mais est-ce dangereux ? Il faut des explications pour comprendre la réponse.

La radioactivité peut affecter de deux façons : rayonnement et contamination.

Rayonnement, c'est subir des radiations d'une source. Pour se mettre à l'abri, il faut s'éloigner. On le voit dans l'article : s'écarter de 90 cm de la source divise le rayonnement par 2 dans ce cas. Et le rayonnement diminue avec le carré de l'éloignement : très vite. Si on va 10 fois plus loin, le rayonnement est divisé par 100.

Contamination, c'est avoir sur soi des particules radioactives. Dans ce cas, le rayonnement subi est constant même si on s'éloigne. Le pire, c'est la contamination interne : la peau protège très bien contre les rayonnements alpha, les plus destructeurs, mais les muqueuses comme l'estomac et surtout les poumons ne protègent pas trop. Donc, comme le dit l'article, le gamin qui met la main à la bouche avec un peu de terre, c'est le pire des scénarios.

Mais c'est grave comment, le pire des cas ? Je vais supposer qu'un gamin s'amuse à manger de la terre pile-poil au pire endroit mesuré.

Le pire qu'ils ont mesuré, en terme d'activité, c'est du sol contenant du radium à 22.300 becquerels/kg. Il y a des "tables de conversion" qui donnent, radioélément par radioélément, la dose subie "si on en mange" ou "si on en respire sous forme de poussières". Du coup en regardant le tableau : si on mangeait 1 kilogramme de la terre en question, on subirait 22,3 * 0,305 = 6,8 mSv.

Je doute que les enfants mangent la terre par kilogramme à la fois. En comptant 10 g (ce qui me semble déjà un bon appétit, mais je n'ai pas d'enfant :mdr: ) on arrive à 0,068 mSv pour le scénario catastrophe du gamin mangeant de la terre.

Et c'est beaucoup ces 0,068 mSv ? Chaque année, on se prend entre 3 et 4 mSv à cause de la radioactivité naturelle (75%) et à cause de la médecine (25%). Les 0,068 mSv, c'est à peu près ce qu'on subit lors d'un aller-retour Paris-New York en avion. Et je me souviens qu'avant le COVID, les avions étaient pleins d'enfants. En dessous de 100 mSv, on ne constate pas d'effet sur la santé, même à long terme. La dose subie en mangeant un peu de terre prélevée au pire endroit, c'est 200 fois plus petit que ça.

Bref, pas de quoi fouetter un chat. Alors pourquoi l'article mentionne le fait qu'à Fukushima, ce serait un site interdit ? C'est simple : parce que ce ne serait pas une bonne idée de vivre dans ce point précis, d'y cultiver des légumes, de boire du lait de vaches qui y paissent, de soulever la poussière en voiture et la respirer sans arrêt, etc. Tout ceci arriverait si on parlait d'un grand territoire, mais pas d'un point précis comme ici.

En fait c'est exactement comme avoir un peu de gaz d'échappement dans un endroit très précis. On peut le traverser ou même y passer pas mal de temps sans effet concret sur la santé. Mais on ne conseillerait pas non plus d'y vivre 30 ans.

L'AFCN (l'équivalent de l'ASN/IRSN) arrive à la conclusion suivante :

"Bien que les contaminations, en particulier sur la décharge D1, atteignent parfois un niveau important, leur impact sur la population reste heureusement limité. En effet, la décharge D1 est clôturée et n’est donc pas accessible au public. La contamination sur les terrains accessibles au public est beaucoup plus faible et n’entraîne pas d’exposition significative en cas de présence occasionnelle sur la zone contaminée."

Donc n'allez pas franchir la clôture pour faire pousser vos carottes juste au sommet de la décharge D1 pendant trois décennies, et ça devrait aller. Toutes vos activités quotidiennes contiennent des problèmes et poisons beaucoup plus graves. Mais pour autant ça ne peut pas rester en l'état, en pensant au long terme :

"Bien que l’impact radiologique actuel de la contamination présente à Olen soit limité, il pourrait devenir significatif en cas de changement d’affectation des terrains concernés. La contamination constitue ainsi un frein au redéveloppement de ces terrains et nécessite un suivi permanent. Une stratégie globale d’assainissement s’impose donc."

Si je résume : il y avait une usine qui fabriquait des sources médicales servant à traiter les cancers jusque dans les années 60. Quand ils ont fermé l'usine dans les années 70, ils ont conditionné les déchets à la façon dont ça se faisait à l'époque. Il y a un endroit en-dehors de la clôture qui a été contaminé. Ça ne pose aucun problème concret, mais il faudra trouver une meilleure gestion pour ces déchets à un moment ou un autre. Des activistes malhonnnêtes sortent le mot magique (Fukushima !!!) pour essayer de créer un lien avec les centrales nucléaires, et surtout faire peur. Et il faut beaucoup de temps et de connaissances pour montrer en quoi c'est faux... C'est pour ça qu'ils ont réussi à retourner l'opinion : c'est beaucoup plus facile et rapide de mentir, que de montrer que c'est un mensonge...

En passant, pour ceux qui ne se sont pas endormis à la lecture de tout ça : en regardant la "table de conversion" que j'ai mentionnée au-dessus, on s'aperçoit que le même nombre de Becquerels peut produire des effets 100.000 fois plus ou moins élevés suivant l'élément radioactif qui l'émet. Voilà pourquoi parler uniquement en Becquerels ne sert à rien à part effrayer - il faut obligatoirement avoir une conversion en Sieverts pour avoir une idée du problème concret.
 
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Merci FoLuxo FoLuxo, une fois de plus, pour tes explications. Tu es décidément un puit de science sur la question.

Je n'ai pas l'impression que le journaliste de la RTBF tente lui-même d'induire en erreur: il est, comme beaucoup (dont moi), mal renseigné. Ce qui est certes très critiquable quand on fait ce métier. Il aurait en effet mieux fait de s'adresser à quelqu'un de neutre dans ce domaine.

Au fait, je me demande comment sont calculés les facteurs de dose. Sans doute une formule complexe...
 
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Je pense que le journaliste pense rendre service en dévoilant un « scandale » et il se fait manipuler par une ONG qui ment de façon éhontée pour arriver à son objectif. Mais il a une responsabilité qu’il n’assume pas : ce qu’il dit devient « la vérité » pour beaucoup de gens. On est dans le même fonctionnement que les médias généralistes qui commencent à dire que les PHEV sont des « bombes climatiques ». La encore, il devrait au moins faire valider les affirmations de Greenpeace par un expert neutre, surtout les chiffres et leur signification.

Je ne sais pas ce qui est le pire dans l’article : faire croire que « les enfants sont en danger et l’état ne fait rien » ou bien ne jamais mentionner que tout ça concerne la médecine. Tout est fait pour faire croire que « les centrales nucléaires tuent les enfants » ; déjà le premier article mentionnait des leucémies chez les enfants, et ici on parle des enfants qui pourraient jouer à côté de la clôture. C’est comme ça qu’on crée la peur et la haine du nucléaire...

En France on va avoir des tas de gens qui ne vont pas vouloir se faire vacciner contre le COVID par peur du vaccin. Les mêmes journalistes vont nous dire qu’ils ne comprennent pas pourquoi, après avoir passé des décennies à nous expliquer qu’on ne peut pas faire confiance aux autorités sur tout un tas de sujets...
 
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la peau protège très bien contre les rayonnements alpha, les plus destructeurs
J'ai toujours pensé que c'était les gamma les plus destructeurs, car les plus énergiques, donc plus à même de provoquer des lésions et des mutations.
les alpha sont des atomes d'helium, ils peuvent être "projetés" à des vitesses folles. Est-ce cela qui les rend si dangereux?

En passant, pour ceux qui ne se sont pas endormis à la lecture de tout ça : en regardant la "table de conversion" que j'ai mentionnée au-dessus, on s'aperçoit que le même nombre de Becquerels peut produire des effets 100.000 fois plus ou moins élevés suivant l'élément radioactif qui l'émet. Voilà pourquoi parler uniquement en Becquerels ne sert à rien à part effrayer - il faut obligatoirement avoir une conversion en Sieverts pour avoir une idée du problème concret.

Oui, mais non!
Imagine si la majorité des gens saurait cela, où irait-on? ;)
 
J'ai toujours pensé que c'était les gamma les plus destructeurs, car les plus énergiques, donc plus à même de provoquer des lésions et des mutations.
les alpha sont des atomes d'helium, ils peuvent être "projetés" à des vitesses folles. Est-ce cela qui les rend si dangereux?
Les alpha sont les plus destructeurs, mais c'est aussi les plus simples à arrêter. En fait on peut dire qu'ils s'arrêtent presque tout seuls dans l'air et les matériaux courants. Les gamma sont les moins destructeurs, mais les plus "pénétrants", donc on a plus de mal à se protéger.

Même pris séparément, une feuille de papier, la couche de cellules mortes de la peau ou quelques centimètres d'air protègent efficacement des alpha. Par contre il faut plusieurs dizaines de centimètres de béton ou d'eau pour se protéger des gamma.

Enfin les alpha sont relativement lents, ce n'est pas la vitesse qui donne leur énergie - c'est la masse.

Pour les courageux :

C'est pour toutes ces raisons qu'il ne faut jamais juger de la dangerosité en regardant les valeurs en Becquerels. On est obligés de regarder les radioéléments précis ou le type de rayonnements (alpha, beta, gamma). La seule mesure utile pour le grand-public, c'est la dose en Sieverts, qui convertit le tout en une seule unité qui exprime le danger pour les bonhommes.
 
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