Les mensonges du nucléaire

Parier que la société actuelle aura la capacité de dédier des ressources à ce genre de choses au-delà de 100 ans me semble à la fois optimiste et peu éthique... D’autant que l’alternative, reboucher, pose moins de problèmes concrets - elle ne règle pas le problème éthique en revanche, parce que chacun a sa vue sur cet aspect.
 
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C'est un vrai (et intéressant) débat philosophique et pas seulement éthique : que doit-on aux générations futures, si on considère qu'il s'agit d'un futur lointain ? La question ne vaut pas que pour les déchets nucléaires, mais tous les déchets, l'étendue de nos forêts etc ... (pas besoin de faire un dessin sur tous les enjeux écologiques qui pèsent sur l'humanité actuelle et future).

Que doit-on à l'humanité de l'an 2100 : réponse "facile" puisque c'est quasiment demain, et que "nos" petits-enfants, voire "nos" enfants pour les plus jeunes, seront là pour en juger.

Mais doit-on autant se préoccuper de nos descendants de l'an 3000 ? Ou de ceux de dans 10 000 ans, 100 000 ans ?
Le problème étant posé, je passe sur le développement de la démonstration pour aller directement à ma conclusion personnelle, mais j'aurais tendance à dire que si on se préoccupe du bien-être des gens de dans 100 ans (ce qui n'est certes pas assez le cas), on aura fait le job pour les suivants : il suffit de postuler que ceux de dans 100 ans auront la même attitude pour ceux de dans 200 ans, et ainsi de suite.
En résumé on ne peut pas faire reposer l'avenir de l'humanité très lointaine sur nos seules épaules. Laissons à l'homo de dans 10 000 ans le soin de penser à celui de dans 100 000 ans si ça lui chante, et balayons déjà devant notre porte de 2100.
 
D'un autre côté, on peut aussi imaginer que le délai de 100 ans est évolutif en fonction des découvertes scientifiques et des capacités techniques. Si dans 100 ans, nos descendants arrivent à peine à maintenir le site en activité, ils le fermeront. Si à l'inverse, ils sont en train de développer des techniques de traitement prometteuses, j'imagine qu'ils prolongeront le délai.
 
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Pour ceux qui suivent les conférences de Jean-Marc Jancovici, vous serez d'accord que nos descendants risquent de sacrément galérer avant la fin de ce siècle... Je pense que la pénurie d'énergie et le réchauffement seront des problèmes autrement plus sérieux et concrets que le sous-sol d'un village en Meuse. Je doute très fort que quelqu'un se soucie suffisamment du sujet pour s'occuper de ce détail.

Et pour ceux qui ne connaissent pas JM Jancovici, ben vous devriez :mdr:
 
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Le mythe des "40 ans de durée de vie maximale pour les réacteurs" vient de prendre un gros coup dans l'aile. Le gendarme du nucléaire, l'ASN, vient de valider la possibilité de poursuivre l'exploitation après 40 ans, sous conditions de travaux et d'une validation au cas par cas, comme à chaque visite décennale "habituelle".

Pour rappel, ça fait littéralement des décennies que plusieurs ONG nous bassinent sur le fait que les 40 ans sont une durée de vie indépassable...

 
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Effectivement, c'est un article de Perrine Mouterde, que j'ai mentionnée plus haut.

J'adore comment l'article se termine sur un lien "à quelle distance vous vivez d'une centrale ?" et "comment sortir du nucléaire ?". Quand on est à court de faits, on crée du doute...
 
Oui, la carte interactive a été ajoutée avec la maj du titre... le positionnement anti-nucléaire du papier n'est jamais très loin !
 
Le titre initial, "L'ASN autorise la poursuite du fonctionnement des plus vieux réacteurs nucléaires français", vient d'être remplacé par "Les plus anciens réacteurs nucléaires prolongés de dix ans". On sent le débat rédactionnel et le recadrage vers plus de neutralité...
Je suppose que le "vers plus de neutralité " est de l'humour, car en changeant le titre de cette façon je trouve que c'est l'inverse de ce que tu écris: On part d'un titre qui dit qu'un organisme compétant valide que la durée puisse être prolongée, à Les vieux trucs (dangereux) viennent d'être prolongés (Danger).
 
Au contraire, je trouve que le 1er titre est moins neutre que le second:
"L'ASN autorise la poursuite du fonctionnement des plus vieux réacteurs nucléaires français" => pas de durée de poursuite de fonctionnement annoncée, et un qualificatif "vieux" qui est péjoratif et fait penser à des réacteurs tout pourris, non entretenus, etc... par exemple, une "vieille voiture" et une "voiture ancienne" ne sonnent pas pareil.
"Les plus anciens réacteurs nucléaires prolongés de dix ans" => on remplace "vieux" par "anciens", et on ajoute une durée objective.

Bon, je suis conscient que c'est subjectif, mais perso je trouve le second plus neutre.
Après, un titre encore plus neutre est celui du Point.
Ou encore, en combinant les deux du dessus:
"L'ASN prolonge de dix ans les plus anciens réacteurs nucléaires français"
 
Le fait d'insister sur l'âge, que ce soit sous forme "les plus vieux" ou "les plus anciens" est dans tous les cas déjà discutable... Je vois peu de titres qui mentionnent "le plus ancien métro de l'Union Européenne" pour dire qu'il va y avoir des travaux dans le métro de Paris. Et on pourrait tout aussi bien parler des "réacteurs français, dont le premier est onze ans ans plus récent que celui de Beznau, en Suisse".

Un titre vraiment neutre serait "L'ASN autorise l'exploitation des réacteurs au-delà de 40 ans, sous conditions de travaux".
 
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Un titre vraiment neutre serait "L'ASN autorise l'exploitation des réacteurs au-delà de 40 ans, sous conditions de travaux".
C'est pas d'aujourd'hui mais qu'est que nous cache cette annonce??
C'est comme les primes de mise à la casse des autos de plus de X années. Heureusement que toutes les bagnoles de plus de dix ans ne finissent pas à la casse, avec un peu d’entretien elles tiennent bien plus lomgtemps heureusement, ce qui n'arrange pas les constructeurs, on peut le concevoir.
 
C'est bientôt "l'anniversaire" des dix ans du tsunami du Tohoku, qui a fait pas loin de 20.000 morts et quelques jours plus tard provoqué l'accident de la centrale de Fukushima. Que de choses n'ont pas été dites sur cet accident...

Plusieurs journaux et sites font une confusion entre le nombre de morts causés par l'évacuation, et le nombre de cancers mortels dus à la centrale. Le Point fait la confusion. Même Science et Avenir et TrustMyScience se plantent. Usbek et Rica arrondissent en mode "il en reste un peu, je vous le mets quand même ?" avec 2.000 morts.

Il y a les journalistes de l'Humanité qui écrivent sans sourciller que la centrale a fait 20.000 morts, en les confondant avec ceux du tsunami. RFI fait la même boulette. France Info ne l'écrit pas tel quel, mais le laisse comprendre.

Encore plus forts, des journalistes de France Inter, sans doute pas très forts en Sciences et Vie de la Terre, pensent que c'est l'accident de la centrale (des explosions d'hydrogène) qui a provoqué le tsunami arrivé trois jours avant (!). Idem pour une chaîne néerlandaise, c'est l'explosion de la centrale qui a provoqué le tremblement de terre puis le tsunami...

Je ne vais même pas citer tous les menteurs professionnels, à savoir les politiciens et les ONG. C'est simple, plus ils sont anti-nucléaire, plus le bilan est lourd. J'ai rarement vu un bilan évoluer autant en fonction de celui qui le fait... Mention spéciale quand même à mon ami le maire de Bordeaux, anti-linky, anti-TGV, anti mariage gay... Evidemment lui a choisi le chiffre le plus élevé, mais c'est sans doute une déformation professionnelle, il est avocat. Plantu se fend aussi d'un dessin et d'un commentaire totalement mensongers.

Dans tous les cas, ils ne peuvent pas avoir tous raison : vu la diversité des chiffres, il y a forcément une majorité qui se trompe.

En tout cas, le grand public se fait une idée à partir de ce qu'il lit ici et là :

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La grande majorité pense que la radioactivité de la centrale a fait plus de 500 morts. 75% pensent que c'est plus de 100 morts.


Alors qui se trompe, et qui a raison ?


Tout comme le GIEC pour l'étude du climat, l'ONU a mis en place depuis les années 50 un comité scientifique pour l'étude des effets des radiations. Ca s'appelle l'UNSCEAR, et personne ne le connaît. Tout comme le GIEC, c'est un comité international, composé de scientifiques réputés dans les domaines de la radioprotection, radiobiologie, médecine... Tout comme le GIEC, ils reprennent des études internationales existantes, les compilent, le confrontent, et établissent un rapport sur lequel il y a consensus, et qui fait foi dans le milieu.

Leurs travaux ont permis de définir les normes sur les traitements médicaux à base de rayons (radiothérapie). Leurs travaux ont permis de définir les doses maximales auxquelles on doit être exposé quand on fait une radio des dents ou des poumons, et les normes des travailleurs dans le domaine. Leurs travaux ont permis de définir ce qui est acceptable ou non en terme de gestion des déchets radioactifs, ou d'utilisation de rayonnements dans l'industrie.

Bref, ce n'est pas l'ONG du coin composée de bénévoles en sarouel qui ont beaucoup d'opinions et peu de connaissances.

L'UNSCEAR a publié ce matin la mise à jour de son rapport de 2013, dans lequel ils détaillent les effets sanitaires de la radioactivité à Fukushima. Quelques journaux l'ont repris, en mode "publication d'une dépêche de presse" (d'où la similitude des articles), sans commentaire, sans explication, sans "confrontation" avec leurs propres articles précédents. On ne peut pas franchement dire que ça a fait les gros titre. Et qu'est-ce qu'on apprend dans ce rapport ?



Je résume : les rayonnements ne feront pas de différence dans les chiffres de mortalité, de cancers, de maladie grave, de fausses couches, de malformations ou autre dans la population générale. Les doses subies par la population sont trop faibles pour avoir une conséquence mesurable sur la santé. Pour être clair, ça ne signifie pas 0 impact : ça signifie que, s'il y a des impacts, ils seront suffisamment rares pour se perdre dans le "bruit de fond". Très loin des délires des uns et des autres...
 
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Encore plus forts, des journalistes de France Inter, sans doute pas très forts en Sciences et Vie de la Terre, pensent que c'est l'accident de la centrale (des explosions d'hydrogène) qui a provoqué le tsunami arrivé trois jours avant (!). Idem pour une chaîne néerlandaise, c'est l'explosion de la centrale qui a provoqué le tremblement de terre puis le tsunami...
Diantre!
Les centrales nucléaires ont des pouvoirs jusque là inconnus...
Sur le sujet du nucléaire, on le voit sur ce fil, les journalistes frisent souvent le ridicule, mais là ils l'ont clairement atteint...pathétique...
 
Mais que fait la police et la justice, n'y a il aucune instance capable de sanctionner de tels manquements à l'information? :nailbiting:
 
C'est bientôt "l'anniversaire" des dix ans du tsunami du Tohoku, qui a fait pas loin de 20.000 morts et quelques jours plus tard provoqué l'accident de la centrale de Fukushima.
En France, c'est uniquement l'anniversaire de l'accident de Fukushima :
Le Monde : "Fukushima : une décennie de traumatismes"
Libération : "Fukushima : plus rien n'a de sens ici"
Le Figaro : "10 ans après Fukushima, le nucléaire reste indispensable"
Les JT de 20h ont aussi ouvert sur la "catastrophe" de Fukushima

Le contenu des articles/reportages est, comme d'habitude, plus nuancé.

Il faut aller chercher des journaux étrangers (Times et Guardian) pour trouver des titres qui évoquent le Tsunami.

Effectivement, se focaliser sur l'accident nucléaire et passer quasiment sous silence les presque 20 mille morts du Tsunami frise la désinformation.
Je pense que la France, à cause des médias, retiendra la notion de "catastrophe nucléaire".

Je regrette que les journalistes ne prennent pas plus au sérieux leur devoir de mise en perspective des évènements (morts tsunami vs nucléaire, morts énergies renouvelables vs nucléaire, etc.) et leur devoir de présenter des points de vue variés (on n'a pas entendu un expert du nucléaire...). Ils ont pourtant un code de déontologie.

Ils entendent les critiques d'une partie de la population qui leur reproche de ne pas donner la parole au "peuple". Du coup, il font parler l'habitante du coin qui déplore que son mari est mort d'un cancer... que doit-on en conclure ??? Rien.
 
Le 20h de F2 a ouvert comme les autres sur ce triste anniversaire https://www.france.tv/france-2/journal-20h00/2295777-edition-du-mercredi-10-mars-2021.html et a également axé le sujet sur Fukushima. Le titre c'est Fukushima, pas Tsunami.
Un moment donné, on montre une dame qui se rend pour la première fois depuis 10 ans sur la commune où elle vivait, évacuée et inhabitable. Commentaire (3'25") : "son mari est mort d'un cancer il y a trois ans, mais selon un rapport de l'ONU publié aujourd'hui, les émissions radioactives n'auraient eu aucun effet néfaste sur la santé".

Je trouve que cette seule phrase résume bien la déontologie et la manière de travailler du journaliste contemporain : l'anecdotique destiné à humaniser le sujet (le mari d'une dame meurt du cancer 7 ans après la catastrophe) pèse plus lourd dans la balance qu'un rapport de l'ONU, dont on cite prudemment la conclusion en employant le conditionnel.

A noter un contre-exemple entendu ce matin sur France Inter : L'instant M avec Mac Lessgy comme invité, qui critique clairement cette présentation de la catastrophe.

Ceci étant dit, sur le sujet "Fukushima versus Tsunami" je nuancerais un peu vos perceptions : certes le Tsunami a causé l'immense majorité des victimes et le véritable deuil est bien là, pas dans la catastrophe nucléaire. Mais les catastrophes "ordinaires" cicatrisent, aussi bien matériellement que dans les souvenirs. D'autant plus au Japon, hélas coutumier de séismes qui provoquent des milliers de morts (100 000 morts en 1923...).
Or les catastrophes nucléaires, du moins les deux majeures (Tchernobyl et Fukushima) ont cette caractéristique de ne pas cicatriser dans un temps court : vastes zones évacuées pour des durées indéterminées, gigantesque digue de béton de 15 mètres de haut (!) et 2,5 km de long sur le littoral, travaux de dépollution toujours en cours, refroidissement du combustible en fusion toujours en cours, stockage de l'eau problématique qu'il va bien falloir évacuer dans l'océan (sans danger disent les autorités).
Bref une catastrophe nucléaire majeure reste pour longtemps une plaie vivante. A contrario, on peut aller faire du tourisme en Thaïlande, et on aura peine à trouver des souvenirs aussi traumatisants du tsunami de 2004 (200000 à 250000 morts tous pays confondus). La vie et la marche de l'humanité reprennent toujours leurs droits en quelques années, sauf sur les lieux d'accidents nucléaires majeurs. C'est probablement cette particularité traumatisante, "inhumaine", qui déforme inconsciemment les cerveaux des journalistes, et les nôtres.
 
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