C'est bientôt "l'anniversaire" des dix ans du tsunami du Tohoku, qui a fait pas loin de 20.000 morts et quelques jours plus tard provoqué l'accident de la centrale de Fukushima. Que de choses n'ont pas été dites sur cet accident...
Plusieurs journaux et sites font une confusion entre le nombre de morts causés par l'évacuation, et le nombre de cancers mortels dus à la centrale. Le Point
fait la confusion. Même
Science et Avenir et
TrustMyScience se plantent. Usbek et Rica arrondissent en mode "il en reste un peu, je vous le mets quand même ?"
avec 2.000 morts.
Il y a les journalistes de l'Humanité qui écrivent sans sourciller que
la centrale a fait 20.000 morts, en les confondant avec ceux du tsunami. RFI fait
la même boulette. France Info ne l'écrit pas tel quel, mais
le laisse comprendre.
Encore plus forts, des journalistes de France Inter, sans doute pas très forts en Sciences et Vie de la Terre, pensent que c'est l'accident de la centrale (des explosions d'hydrogène) qui
a provoqué le tsunami arrivé trois jours avant (!). Idem pour une chaîne néerlandaise, c'est l'explosion de la centrale qui a provoqué le tremblement de terre puis le tsunami...
Je ne vais même pas citer tous les menteurs professionnels, à savoir les politiciens et les ONG. C'est simple, plus ils sont anti-nucléaire, plus le bilan est lourd. J'ai rarement vu un bilan évoluer autant en fonction de celui qui le fait... Mention spéciale quand même à mon ami le maire de Bordeaux, anti-linky, anti-TGV, anti mariage gay... Evidemment lui
a choisi le chiffre le plus élevé, mais c'est sans doute une déformation professionnelle, il est avocat. Plantu se fend aussi d'
un dessin et d'un commentaire totalement mensongers.
Dans tous les cas, ils ne peuvent pas avoir tous raison : vu la diversité des chiffres, il y a forcément une majorité qui se trompe.
En tout cas, le grand public se fait une idée à partir de ce qu'il lit ici et là :
La grande majorité pense que la radioactivité de la centrale a fait plus de 500 morts. 75% pensent que c'est plus de 100 morts.
Alors qui se trompe, et qui a raison ?
Tout comme le GIEC pour l'étude du climat, l'ONU a mis en place depuis les années 50 un comité scientifique pour l'étude des effets des radiations. Ca s'appelle l'UNSCEAR, et personne ne le connaît. Tout comme le GIEC, c'est un comité international, composé de scientifiques réputés dans les domaines de la radioprotection, radiobiologie, médecine... Tout comme le GIEC, ils reprennent des études internationales existantes, les compilent, le confrontent, et établissent un rapport sur lequel il y a consensus, et qui fait foi dans le milieu.
Leurs travaux ont permis de définir les normes sur les traitements médicaux à base de rayons (radiothérapie). Leurs travaux ont permis de définir les doses maximales auxquelles on doit être exposé quand on fait une radio des dents ou des poumons, et les normes des travailleurs dans le domaine. Leurs travaux ont permis de définir ce qui est acceptable ou non en terme de gestion des déchets radioactifs, ou d'utilisation de rayonnements dans l'industrie.
Bref, ce n'est pas l'ONG du coin composée de bénévoles en sarouel qui ont beaucoup d'opinions et peu de connaissances.
L'UNSCEAR a publié ce matin la mise à jour de son rapport de 2013, dans lequel ils détaillent les effets sanitaires de la radioactivité à Fukushima. Quelques journaux l'ont repris, en mode "publication d'une dépêche de presse" (d'où la similitude des articles), sans commentaire, sans explication, sans "confrontation" avec leurs propres articles précédents. On ne peut pas franchement dire que ça a fait les gros titre. Et qu'est-ce qu'on apprend dans ce rapport ?
Je résume : les rayonnements ne feront pas de différence dans les chiffres de mortalité, de cancers, de maladie grave, de fausses couches, de malformations ou autre dans la population générale. Les doses subies par la population sont trop faibles pour avoir une conséquence mesurable sur la santé. Pour être clair, ça ne signifie pas 0 impact : ça signifie que, s'il y a des impacts, ils seront suffisamment rares pour se perdre dans le "bruit de fond". Très loin des délires des uns et des autres...