[Economie] Nucléaire VS Energie renouvelable : la solution française serait en train de perdre la bataille

Tu oublies juste que :
1) par rapport à la génération précédente, chaque "innovation technologique" s’est accompagnée d’une réduction massive de l’énergie nécessaire pour atteindre le même résultat (caricatural sur les porte-conteneurs, les avions etc...) ;
2) l’énergie est, intrinsèquement, illimitée : hydroélectricité, PV et éolien depuis longtemps, fusion à l’horizon 2100-2150.
Mais je ne l'oublie absolument pas :
1) malgré les gains phénoménaux que tu cites et qui sont réels, la conso d'énergie n'a pas diminué, n'est pas restée stable, et elle n'a pas augmenté légèrement : elle a EXPLOSE. Cf. ce graphe, bien connu

global-energy-substitution_v4_850x600.svg


2) ce qui n'est pas illimité, c'est notre capacité à transformer cette énergie illimitée en quelque chose d'utilisable. T'as beau avoir des milliards de GWh arrivant sans effort du soleil, transformer ça en courant, le transporter, le distribuer, éventuellement le stocker est consommateur de plein de choses et n'a rien d'illimité. Tu cites la fusion à l'horizon >2100, la question est comment on tient d'ici là...
 
Mais arrêter les fossiles va amener à passer à des Taux de Retour Energétique.....
Trés franchement, on s’en tape : "energy in the form of coal could be used in the production of ethanol. This might have an EROI of less than one, but could still be desirable due to the benefits of liquid fuels".

Cette histoire d’EROI passionne les profs de fac : https://en.m.wikipedia.org/wiki/Charles_A._S._Hall

Dans la vraie vie c’est le $ qui juge si une activité se fait... ou ne se fait pas, quel que soit l’EROI (Cf Porsche).
Y aura-t-il assez de clients pour gagner de l’argent en faisant voler des avions avec du bio-kérosène à 1 $ le litre (EROI 0,7 ou 0,8) ??
On peut généraliser à l’ensemble de l’économie de marché.

A tout instant, il va se créer un équilibre offre/demande sur les énergies fossiles : au delà d’une certaine hausse du prix , il se produira 1) abandon de certaines activités ; 2) diminution de la demande ; 3) exploitation de certains gisements/productions, devenus "rentables".
Exemple : l’augmentation du parc de VE va mécaniquement diminuer la demande de pétrole et influer sur le cours du brut, libérant autant de produit pour les activités qui ne peuvent, pour l’instant, s’en passer.
 
Et pendant ce temps dans le Guardian de ce jour, sorte de Libération UK, plutôt anti-nucléaire : https://www.theguardian.com/busines...risis-eu-ministers-debate-reliance-gas-russia

Les ministres européens vont se rencontrer pour discuter de comment faire pour dépendre moins du gaz russe, et éviter la crise énergétique cet hiver. La situation est critique. Des parlementaires européens ont écrit un courrier à la Commission pour indiquer qu'ils soupçonnent que Moscou réduit les livraisons de gaz pour faire pression sur l'Allemagne pour valider le tristement célèbre gazoduc Nordstream 2. Quelle perspicacité. Si seulement on n'avait pas fermé quelques dizaines de GW de nucléaire en Europe... Le fameux nucléaire, qui n'aide pas pour l'indépendance énergétique, A Aimsy29

Une des raisons pour laquelle la situation est tendue est la faible productivité des EnR, en particulier l'éolien, depuis le début de l'année. Et le vice-président de la Commission, un véritable génie, estime que si on avait plus de renouvelables, on serait moins emmerdés. En vérifiant sa page Wikipedia, on s'aperçoit qu'il a étudié le français et l'histoire de la littérature. Donc a priori il ne comprend pas très bien ce qui se passe ou ce qu'il faudrait faire, mais il connaît plein de façons de l'exprimer, y compris en vieux françois.
 
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A y est, ça commence à percoler sur la tévé française. Un résumé en trois minutes de Patrick Cohen :

 
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Article du 5 septembre :


Article du 7 septembre :
En resumé, la neutralité carbone, espérée en 2045, va coûter 80 milliards d’euros pa an, pendant 20 ans.
Accessoirement, on apprend que ça ne se bouscule pas pour construire les fameuses centrales à gaz.
Un peu normal puisqu’elles ne serviront que pendant les intermittences des EnR.
 
La réalité commence à rattraper tout doucement les politiques... Le réveil risque d'être brutal.

"Jusqu´à une date récente, le Ministère de l´Économie et de l´Énergie partait du principe que la consommation d´électricité n´augmenterait guère à l´horizon de 2030. Après que cette hypothèse a été fortement remise en question par la Cour des Comptes et par l´industrie, le Ministère a révisé son calcul. Selon une première estimation de mi-juillet 2021, la consommation d´électricité augmenterait jusqu´à 100 TWh d´ici 2030 (~ 665 TWh) par rapport à 2019 (~ 568 TWh) en raison de nouveaux consommateurs (pompes à chaleur, véhicules électriques, production de l´hydrogène par électrolyse)."

Les guignols français ont fait la même chose, pour faire passer des plans de baisse du nucléaire ils ont tablé sur une conso en faible croissance, alors qu'on sait parfaitement que la décarbonation passe par beaucoup plus d'électricité. D'une autre source :

"Production électrique : le PDG d’EDF appelle à revoir les projections de la stratégie nationale bas carbone – Les scénarios de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) concernant les besoins annuels d’électricité en 2030 et 2050 « sont réellement une fourchette très très basse », a alerté Jean-Bernard Lévy le 17 septembre, lors de son audition par les députés de la mission d’information sur la résilience nationale. D’une part, « les besoins qui naissent de l’émergence d’une économie de l’hydrogène y sont sous-estimés ». D’autre part, « la crise sanitaire a créé un mouvement important de réindustrialisation » qui était jusqu’alors « à peine émergent ». Deux arguments déjà évoqués le 14 septembre par le patron de la Direction générale de l’énergie et du climat, Laurent Michel. La SNBC prévoit une production annuelle d’électricité comprise entre 600 TWh et 650 TWh à l’horizon 2050, contre 500 TWh en 2020 et 538 TWh en 2019."

Si je reviens à ton article :

"La Fédération Allemande des Entreprises de l´Énergie et de l´Eau (BDEW) réclame la construction d´au moins 15 GW de centrales à cogénération au gaz d´ici 2030 pour garantir la sécurité d´approvisionnement".

Mais quel choc. En France RTE avait demandé 11 GW de gaz pour la même raison ; raison pour laquelle Macron a reculé la baisse du nucléaire à 2035.
 
Espérons que l'exemple allemand nous fasse partir dans la bonne direction. Mais malheureusement avec du retard. :depressed:
 
Pardonnez mon ignorance mais je ne comprends pas ce qui se passe.
En supposant que le CO2 d'origine humaine soit le seul responsable du changement climatique (vous savez ce que je pense, mais cela n'a pas d'importance), je me demande pourquoi non seulement nous ne nous lançons pas dans le nucléaire, mais, pire encore, pourquoi nous fermons les centrales existantes.
Quand il y a eu un référendum en Italie dans les années 90, j'ai voté pour le nucléaire parce que j'ai vu que mon grand-père à Saumur avait tout à l'électricité (chauffage et cuisine) et dépensait très peu (je me souviens qu'à l'époque le chauffage et la cuisine étaient gourmands en énergie, il n'y avait pas de pompes à chaleur ni de plaques à induction), et la centrale nucléaire était très proche de Chinon.

1) Tout cela est une escroquerie et il n'est pas nécessaire de réduire le CO2 d'origine humaine ?
2) Tous les puissants du monde s'en fichent, et ils seront toujours protégés des ouragans, des incendies et des sécheresses ?
Je ne trouve aucune autre explication à ce recul par rapport à l'énergie nucléaire, surtout maintenant que la technologie est super sûre et que nous savons comment stocker les déchets nucléaires en toute sécurité.
 
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Cette prise de position sur le nucléaire vient des "écologistes" qui mélangent un peu les choses et les politiques qui veulent avoir leur voies.
Pour avoir ton explication sur ce phénomène, il faut que tu lises les posts sur "Les mensonges du nucléaire" de ce forum. :mrgreen-48:
 
Pour la même raison qu'on sait que l'alcool et le tabac sont mauvais pour la santé, mais on continue. Le cerveau est fait pour travailler avec des données immédiates (ce qu'on voit, touche, entend...) et de l'émotion (de la peur, de la joie). On peut te montrer des tableaux d'espérance de vie : tu ne vas pas décider d'arrêter de fumer dans la minute. Il faut souvent des années d'explications et de rabachâge, puis beaucoup de volonté, pour y arriver.

Dans le cas du nucléaire, les centaines ou milliers de morts sur le long terme de Tchernobyl sont visibles et font très peur, mais les deux millions de vies sauvées ne sont pas visibles. Et les politiciens se moquent de leurs opinions personnelles - ils suivent la voie de la moindre résistance.
 
Pardonnez mon ignorance mais je ne comprends pas ce qui se passe.
En supposant que le CO2 d'origine humaine soit le seul responsable du changement climatique (vous savez ce que je pense, mais cela n'a pas d'importance), je me demande pourquoi non seulement nous ne nous lançons pas dans le nucléaire, mais, pire encore, pourquoi nous fermons les centrales existantes.

Je ne trouve aucune autre explication à ce recul par rapport à l'énergie nucléaire, surtout maintenant que la technologie est super sûre et que nous savons comment stocker les déchets nucléaires en toute sécurité.
C'est pourtant très simple : les gens sont conscients du changement climatique et font confiance aux conclusions du GIEC (responsabilité de l'homme dans le changement climatique).
En revanche, ils sont incultes en ce qui concerne le nucléaire. Cet article en parle très bien. En plus ça leur fait peur (Tchernobyl, Fukushima, etc.)

Comme on vit dans une démocratie, les gens votent et choisissent en fonction de leurs convictions.
 
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Exact, avec les trois quarts de la population qui pense que le nucléaire est un gros problème en termes de CO2, on n'est pas près de s'en sortir...
 
G guilhem41 d'accord, mais je trouve ce comportement "bipolaire", d'une part nous pouvons comprendre les recherches de milliers de spécialistes représentant le GIEC et d'autre part nous ne comprenons pas quelque chose, à mon avis, beaucoup plus simple, l'énergie nucléaire.
Personnellement, je trouve plus difficile de lire les graphiques et de slalomer entre les marées, la montée des eaux, les révolutions solaires, etc., que de comprendre que l'énergie nucléaire, bien qu'elle ne soit pas à l'abri des risques, a un coût/bénéfice positif même si l'on inclut les décès causés par les accidents nucléaires qui, d'ailleurs, avec les nouvelles technologies sont réduits au minimum et, de toute façon, bien moins que ceux causés par la pollution de proximité.
 
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Je peux te mettre un lien où tu verras un député demander à un expert s'il y a un lien entre l'augmentation du CO2 et les tremblements de terre. Et un autre où un ministre affirmait au même expert que c'est pas grave si les émissions allemandes sont terribles, ça ne concerne que le climat allemand après tout.

Il me paraît clair qu'il reste "un peu" de formation à faire pour nos dirigeants.
 
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Comme tu le sais, je suis très sceptique, ou plutôt, j'essaie toujours de bien étudier une question, en cherchant les opinions pour et contre.
Dans le cas de l'énergie nucléaire, données en main, les centrales sont aussi sûres que les sites de stockage, les quelques accidents mineurs (fuite de vapeurs radioactives, etc.) n'ont pas causé autant de dégâts que les centrales à charbon ou les raffineries de pétrole.
L'énergie idéale serait l'énergie renouvelable mais, du moins pour le moment, elle ne pourrait pas remplacer les besoins du monde.
Si je voulais alimenter ma maison uniquement avec des panneaux photovoltaïques, j'aurais besoin de 40 m2 de panneaux et nous sommes 3 personnes ; si nous pensons qu'il y a presque 8 milliards de personnes dans le monde, cela signifierait qu'il faudrait 40 m2 de panneaux multipliés par 2,6 milliards, et cela uniquement pour les besoins privés, sans compter les industries de production, les transports, les stades, etc.
Ainsi, en mettant de côté le CO2 et en ne pensant qu'à la pollution de proximité (cause de cancers, de problèmes respiratoires, de problèmes cardiaques, etc.), nous pourrions, avec un minimum de risques, rendre l'air beaucoup plus propre.
 
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