[Economie] Nucléaire VS Energie renouvelable : la solution française serait en train de perdre la bataille

Il faut se mettre à jour sur la provenance africaine de l'uranium, on n'est plus dans les années 60 et il n'y a plus d'empire français : "En 2016, plus des deux tiers de la production mondiale d’uranium provenaient des mines de trois pays : le Kazakhstan (39,4%), le Canada (22,5%) et l’Australie (10,1%)(4). Suivent la Namibie, le Niger, la Russie et l’Ouzbékistan." Donc dans les 80% ne viennent PAS d'Afrique....

Pour la dispo de l'uranium, pas d'inquiétude à avoir : au rythme d'utilisation actuel, on en a pour au moins 100 ans, plus les réserves pas encore explorées. La France vient de fermer son laboratoire ASTRID de recherche sur la 4e génération de réacteurs uniquement parce que l'uranium est tellement bon marché que personne ne s'inquiète de sa fin. Par-dessus ça il y a des recherches pour exploiter l'uranium présent naturellement dans l'eau de mer, de quoi rendre le nucléaire vraiment renouvelable. Mais même ça, personne ne se casse la tête.

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Et enfin, si on décide de se mettre à la 4e génération comme le font les russes et les chinois, EDF a déjà en stock du combustible pour littéralement des dizaines de siècles : tout l'uranium appauvri sorti des réacteurs actuels et retraité à la Hague depuis des décennies. Greenpeace insiste pour qualifier ça de déchets, ce qui serait aussi imbécile que de mettre à la poubelle des accus rechargeables une fois vidés.

Même si on se décidait à consommer beaucoup moins d'énergie et de courant, et qu'on arrivait à diviser la conso par deux (on peut rêver), il faudra toujours produire 250 TWh par an. Et si on se décide à électrifier le parc auto, beaucoup plus que ça.

D'une façon ou d'une autre on aura besoin de beaucoup de courant bas carbone. Les allemands sont en train de montrer que les EnR à grande échelle ne fonctionnent pas tant qu'il n'y aura pas de stockage ; il faudra encore trois-quatre ans pour que tout le monde l'admette. Du temps perdu pour tout le monde, y compris pour ceux qui sont prêts à jeter le nucléaire alors qu'on n'a pas d'alternative de grande échelle sérieuse.
 
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Merci R Romhybrid pour le lien, je découvre le projet. Apparemment c'est un projet de recherche. Si je comprends bien le fonctionnement :

"FH2R uses 20MW of solar power generation facilities on a 180,000m2 site along with power from the grid to conduct electrolysis of water in a renewable energy-powered 10MW-class hydrogen production unit. It has the capacity to produce, store, and supply up to 1,200 Nm3 of hydrogen per hour (rated power operation)."

Donc ils ont 20MW de panneaux solaires, et ils prennent du courant du réseau quand il y en a "trop" et en remettent quand il y en a besoin. Avec les excédents, ils font de l'hydrogène. C'est un peu la batterie de la Prius qui sert à "écrêter et remplir les creux" des demandes de puissance. Avec l'idée que le reste du réseau soit fait avec du renouvelable (contrairement à la Prius :))

Il y a maintenant un projet ressemblant en France, annoncé hier. Je suis plus circonspect sur celui-là quand je vois la liste des intervenants et l'objectif : "montrer qu'on peut ajouter de l'hydrogène dans les turbines à gaz". Si on voulait donner une image verte à l'éectricité à base de gaz (400 g CO2/kWh plus les fuites de méthane), on ne s'y prendrait pas autrement. Mais peut-être que je vois le mal partout :)
 
On a déjà parlé ici de l'excellent http://www.electricitymap.org qui permet de voir en temps réel les émissions dues au courant.

Je découvre maintenant un équivalent qui donne la vue moyenne et historique. Sur https://lowcarbonpower.org/map on a la carte mondiale, et on peut jouer avec le curseur pour voir l'évolution dans le temps. Intéressant de comparer France et Allemagne à travers le temps.

Sur https://lowcarbonpower.org/ranking on a le classement 2019 en terme d'électricité décarbonnée. Hors hydro+nucléaire, point de salut :

dans le top 10, aucun pays avec de l'éolien massif. Le meilleur est le Costa Rica, avec 23% d'éolien mais sur une toute petite conso.
dans le top 20, Kenya et Uruguay, avec des toutes petites conso
dans le top 30, Danemark. Toute petite conso et des importations massives de courant des voisins.

Quant au solaire, c'est simple - on ne le voit quasiment pas.

A garder en tête quand on lit les articles dithyrambiques sur les records de production EnR de tel ou tel pays.
 
Résumé du bouquin on a instinctivement peur de ce que l'on ne peut : voir, toucher, sentir, le tout cumulé avec une incompréhension total des phénomènes sub-atomique !!!
Enfin un résumé à la louche!! o_O
 
C’est plus subtil et profond que ça.

L’auteur fait le lien avec pas mal de choses très profondément enracinées dans l’imaginaire collectif, et qui datent de bien avant la radioactivité.

L’alchimie, parce que la radioactivité, c’est la transmutation pour de vrai. La découverte de secrets qu’on n’est pas supposés connaître pour notre propre sécurité (un truc qui nous est mis dans la tête depuis qu’on est tout petit : « ne va pas là, ne fais pas ça - c’est dangereux ! », sans explication sur ce danger fantasmé). La créature qui échappe à son maître, thème récurrent depuis les golems jusqu’au docteur Frankenstein. Le savant fou, faisant des expériences sans autre objectif que son ego et son sentiment de puissance. Les rayons de la mort et les armes à base d’énergie pure de la SF, capables d’anéantir une ville instantanément. La promesse toujours déçue que la science réglera tous les problèmes du futur.

Ce n’est que le début du bouquin que j’ai résumé, les quelques premiers chapitres ; j’en suis là.

Le cerveau fonctionne par images et associations, parce qu’il est impossible de réfléchir consciemment à tous les sujets en permanence. En l’absence d’éléments concrets, c’est cette forme de « raisonnement », basée sur ces images diffuses, qui prend le dessus.

Dans les discussions que j’ai avec des antinucléaires on retrouve beaucoup ces aspects - une crainte de l’inconnu, une peur fantasmée de la toute-puissance quasi divine de l’atome (« on ne peut rien faire contre, on est impuissant, il est impossible de se protéger ! »). Sans compter toutes les conneries racontées par les anti, qui mentent très souvent comme ils respirent. Ça me donne presque envie de faire un sujet sur ça, je suis exaspéré de voir les mensonges perpétués depuis des années qui sont maintenant pris pour des faits par la plupart des gens, uniquement par ignorance.
 
L’auteur fait le lien avec pas mal de choses très profondément enracinées dans l’imaginaire collectif, et qui datent de bien avant la radioactivité.
Ne manquerait-il pas les mots "découverte par l'homme" par ce que stricto sensu la radioactivité est consubstantielle à la naissance des étoiles.
Après la question : " l'imaginaire collectif est-il antérieur à l'univers" ? se pose.
Ahh. les mots... c'est comme le "tecsound", il en manque un bout ou il est mal placé, et le résultat n'est pas probant. :chih:
 
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Si, bien sur, la radioactivité étant un phénomène naturel, il s'agit bien de sa découverte fin du 19e siècle...
 
Et pendant qu’on discute, le business continue.

La construction du parc éolien off-shore de Fécamp démarre. Environ 200 MW « utiles » intermittents. Prix de rachat pendant 20 ans : 140 €/MWh. Avec le "cadeau" de la connexion au réseau terrestre payée par l'état, on arrive à 200 €/MWh, sans prendre en compte le coût de l'augmentation du réseau électrique nécessaire.

Le 30 juin on va fermer prématurément Fessenheim 2. Elle aurait pu tourner encore 20 ans. Puissance « utile » : 700 MW pilotables. Coût du courant pour les clients : 42 €/MWh.

En comptant le dédommagement de l’état vers EDF, on vient de cramer 4 milliards d’€ en une opération « mineure » (on parle d’un seul des 58 réacteurs, et d’un seul parc éolien). En termes de rejets de gaz à effet de serre, l’opération est négative : l’éolien va augmenter et pérenniser le besoin de gaz dans le mix électrique.

Comme disait la vieille pub, on peut faire moins bien, mais c’est plus cher. Sauf qu’eux le disaient pour faire rire, ils ne pensaient pas qu’on allait vraiment le faire.



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FoLuxo FoLuxo : le gouvernement français semble remettre les pendules à l'heure la subvention extravagante des petites installations EnR, vraiment spécifique à la France.
(notre discussion au restaurant de Luxembourg)

https://www.lesechos.fr/industrie-s...-du-gouvernement-troublent-la-filiere-1244179

Au coeur des tensions entre les producteurs d'énergies renouvelables et le gouvernement figure le projet de réforme de certains contrats d'achat d'énergie solaire , octroyés par l'Etat avant 2011 et destinés à soutenir l'essor de la filière. Estimant que la rémunération assurée à ces parcs est trop élevée au regard des coûts de production du solaire et qu'elle génère donc un effet d'aubaine, l'Etat entend revoir ces dispositifs.

Selon plusieurs sources, les contrats dont bénéficient les particuliers et les agriculteurs ne seraient pas concernés, ni les installations de petite taille. Selon plusieurs acteurs du secteur, le gouvernement envisage de passer au crible les contrats des installations de plus grande taille, antérieures à 2011, pour réduire la durée de ceux qui seraient en situation d'« effet d'aubaine ».

C'est au cœur de ton attaque contre le système EnR : trop cher pour pas grande chose.
Et je le répète, c'est un problème spécifiquement français, il ne doit pas être une raison pour critiquer les systèmes EnR dans sa globalité.

Par ailleurs, les politiques énergétiques français avant 2011, sont largement dominés par les pro-nucléaires.
On peut donc se demander si, ce n'est pas fait un peu fait exprès pour favoriser ce "trop cher pour pas grande chose".
(et à la place, on investit très très peu, voir rien du tout, sur des grandes installations EnR beaucoup plus efficientes)
 
Attention, ça concerne une microscopique partie du photovoltaïque : les contrats signés avant 2011 hors résidentiel. Donc surtout la partie vert et gris de la situation à fin 2010, fléchée en rouge :

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Le rapport de 2018 de la Cour des Comptes donne le coût pour l’état de tout le photovoltaïque fin 2010 (résidentiel compris) :

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Donc 2 milliards par an, presque 40 milliards au total, tout ça pour 0.7% du courant français. 480 €/MWh, c'est 12 fois plus cher que le nucléaire tarif ARENH. Le tout pour enrichir la Chine et quelques "entrepreneurs" qui ont pris 0 risque, et émettre au final 10 fois plus de CO2 que si on produisait ça en nucléaire.

Bien sur que les tarifs de rachat avant 2011 sont complètement absurdes. Il n'y a aucune justification - ni pour l'intérêt de la France, ni pour le climat.

Je pense qu'à l'époque ça a été, comme souvent, décidé par des gens qui n'avaient aucune stratégie, qui ne connaissaient pas le sujet, qui ne savaient pas ce que ça allait coûter, qui avaient comme seul objectif quelques articles positifs, et qui ont été influencés par des lobbys pas avares de promesses, surtout d'emplois. Ils ont signé, de toute façon ce n'était pas eux qui allaient payer. Ils sont en retraite maintenant.

10 ans après, ça coûte toujours une blinde, ça produit toujours presque rien, et y'a pu d'sous à cause du COVID. On va donc racler les fonds de tiroir... L’État montre qu'il ne sait toujours pas ce qu'il fait sur l'électricité.

Je ne crois pas à la théorie du coup de communication machiavélique sur 10 ans et trois présidences différentes... On a été incapables d'anticiper que fermer Fessenheim nous ferait augmenter la production à base de charbon, alors qu'il y a 4 mois entre les deux évènements. Alors prévoir un coup de com 10 ans à l'avance... D'autant plus que tout le monde s'en fout, on ne peut pas dire que la population a été bombardée de messages sur le sujet.

C'est au cœur de ton attaque contre le système EnR : trop cher pour pas grande chose.
Non, ce n'est pas mon principal problème. Ma principale critique c'est l'intermittence qui ne permet pas de se sortir du fossile. Tout cet été, l'éolien n'a servi quasiment à rien en Europe, et ça s'aggrave avec le réchauffement. Le solaire a servi en journée, mais jamais aux pics de conso du matin et du soir. En ce moment même, l'Allemagne tourne au charbon et au gaz, avec 0 éolien.

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Du coup c'est 300 tonnes de CO2 à la minute...

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Sans remettre en doute ton argumentaire sur l'utilité du nucléaire dans la transition énergétique - que je partage -, le lien de LCI que tu cites, pour montrer que la fermeture de Fessenheim a entrainé une augmentation de notre prod d'électricité à base de charbon, explique que l'allumage des centrales à charbon n'est justement pas dû qu'à Fessenheim, mais surtout aux conséquences du confinement, avec le report de la maintenance prévue des réacteurs nucléaires, à faire maintenant et avant cet hiver.

Du coup, même si je suis tenté de dire que la fermeture de Fessenheim va mécaniquement augmenter notre dépendance aux fossiles, cet article ne démontre pas ce lien de cause à effet...
 
Ma lecture de la situation :

- il y a beaucoup de réacteurs arrêtés à cause de la maintenance du printemps décalée par le COVID. On a choisi de la décaler pour diminuer le risque de contamination pour les travailleurs, et qu'on soit dans une situation où on ne peut plus piloter les réacteurs. Je schématise, mais c'est l'idée : gestion des risques. La contrepartie du décalage, donc des arrêts, c'est un risque moindre et de disposer de courant cet hiver.

- il y a quelques réacteurs arrêtés de temps en temps pour éviter de trop réchauffer les fleuves (c'est anecdotique). La contrepartie de ce choix : impact écologique moindre sur les poissons.

- il y a deux réacteurs (1800 MW) arrêtés définitivement suite à un choix politique de 2011 (regardez la page 15) confirmé en 2020 par Macron. Contrepartie de ce choix : aucune pour la France. Hollande a fait plaisir à EELV et s'est doné des billes pour son élection en 2012. Idem, Macron essaie de faire plaisir à EELV (et c'est raté d'ailleurs). Choix politicien par définition.

Donc oui, il y a plusieurs causes pour les arrêts actuels. Mais le seul choix évitable, qui n'a apporté aucune contrepartie, c'était celui de fermer Fessenheim. Pour les autres, on a des raisons "valables".

Je mentionne la puissance de Fessenheim (1800 MW) parce qu'on a remis en route entre 500 et 1000 MW de charbon, donc l'ordre de grandeur est bon. Sauf pour le CO2 : x100 pour le charbon.

A garder à l'esprit pour les prochaines fermeture : il y a 14 réacteurs en sursis. On est dans le même cas de figure : aucune contre-partie réelle, on se fait plaisir.