Personne n'a regardé l'émission sur F5 hier soir ? C'était assez intéressant, et nettement à charge contre EDF.
Oui j'ai regardé le reportage "
Nucléaire, l'impasse française".
Comme je travaille (dans ma vie professionnelle) en ce moment sur WNE, et comme la plupart de nos projets en énergie sont portés sur le nucléaire, ça m'avait intéressé.
Pour ceux qui ne peuvent pas voir le film, voici le résumé :
Le fil rouge du film, c'est que telle une tragédie grecque, EDF s'enfonce au fur et à mesure dans une gouffre financière abyssale (déjà endetté de 37 Md€, avec pas loin de 200 Md€ de dépenses dans les années à venir), avec l'entêtement d'une caste de dirigeants pro nucléaire toute puissante.
Le projet EPR est condamné à réussir, s'il échoue, c'est toute la filière nucléaire française qui mourra avec.
Là les gens du secteur n'ont aucun doute là dessus.
En effet, le projet EPR permettait à l'origine, à la France d'avoir une supériorité technologique sur tous ses concurrents en nucléaire.
Le réacteur était capable de fournir 1650 à 1750 MW de puissance, alors que les concurrents sont autour de 1000-1200 MW.
Avec un seul réacteur, on couvrirait les besoins de Paris intra-muraux. Sur le papier, c'est l'arme fatale.
Mais très complexe à construire, de plus la France avait perdu le savoir faire en béton et en soudure sur ce type de projets, les chantiers connaissent énormément de difficultés. Finlande, comme Flamanville, on est dans les 7 ans de retard, et 7 Mds de surcoût chacun.
(les difficultés de réaliser correctement une soudure, on peut le constater puisque c'est la raison pour laquelle EPR Flamanville a été à nouveau repoussé)
Avec Fukushima, plusieurs pays majeurs décident de sortir du nucléaire : Allemagne, Japon, Corée du Sud...etc. L'opinion publique fait qu'une nouvelle construction s'avère difficile. Le marché de l'exportation devient très sombre pour EDF et son réacteur EPR.
EDF s'accroche au seul nouveau client qu'il a pu dénicher : le Royaume Uni. C'est le projet Hinkley Point C (HPC).
Le groupe français met sur la table une "offre qu'on ne peut pas refuser" : les deux réacteurs ne coûteront pas un centime aux anglais. C'est EDF qui prend tout en charge, donc tous les risques. En contrepartie, EDF a négocié un prix de vente d'électricité 3 fois plus cher que le prix du marché actuel (environ 120€ le MWh), sur une durée de 35 ans.
Malgré quelques controverses, les anglais signent le contrat.
Ce projet coûtera 20 Md€ pour EDF. Déjà endetté à 37 Md€, EDF est financièrement fragile. De plus, il a d'autres projets comme le grand carénage qui va coûter dans les 100 Md€ pour prolonger les cinquantaines de centrales, une dizaine d'années encore.
Le groupe français va donc "boire du poison pour remédier sa soif" (proverbe chinois).
Il demandera aux chinois de financer la moitié du projet EPR, en contre partie, EDF permet aux chinois d'homologuer leur réacteur Hualong One sur le marché européen. Un réacteur moins puissant, mais plus facile à construire. Les chinois signeront avec les anglais la construction de Hualong One en UK.
Le financement apporté par la Chine, sera un véritable cheval de Troie pour percer le marché européen.
De retour en France, EDF joue le double jeu avec l'opinion publique qui réclame la transition énergétique.
En réalité, à part quelques projets façades, EDF a fait aucun effort pour mettre en place les énergies renouvelables en France.
Les chiffres d'investissement annoncés sont en réalité portés sur l'entretien des barrages, ou bien ces investissements sont portés sur les projets EnR à l'étranger.
Les "insiders" racontent une direction qui ne veut pas entendre parler des énergies renouvelables. Pour la caste toute puissante des directeurs Mine-X, EnR est un "élément perturbateur".
Car dans leur esprit, "EDF n'est pas une entreprise d'énergie, c'est une entreprise nucléaire".
Il faut consommer plus d'électricité, pour pouvoir justifier et rentabiliser les installations nucléaires.