Une tromperie consistant à « gonfler » les émissions de CO2 permettrait aux constructeurs de satisfaire aux futurs objectifs de réduction sans risquer des sanctions.
Les constructeurs automobiles sont décidément plein de ressources. Le scandale du « dieselgate » avait révélé en 2015 que Volkswagen (VW), notamment, avait truqué ses moteurs afin de minorer les rejets d’oxyde d’azote, un gaz très toxique, lors des tests d’homologation. Cette fois, ils sont soupçonnés, au contraire, de « gonfler » les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de leurs flottes afin de satisfaire aux futures normes.
L’alerte a été donnée par la Commission européenne. Dans un courrier daté du 18 juillet que Le Monde a pu consulter, les commissaires chargés respectivement du climat et de l’énergie (Miguel Canete) et de l’industrie (Elzbieta Bienkowska) révèlent que « des données collectées par les autorités des Etats membres » ont mis en évidence que des constructeurs avaient volontairement « gonflé » leurs niveaux d’émissions.
A partir de 2021, voitures et utilitaires seront soumis à un nouveau test harmonisé au niveau mondial appelé « WLPT » (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test Procedure), en lieu et place de l’actuel protocole dit « NEDC ». Principal changement, les réductions de CO2 des voitures seront désormais mesurées en pourcentage et non plus en valeur absolue (gramme par kilomètre) comme c’est le cas aujourd’hui.
L’Union européenne (UE) a imposé aux constructeurs un objectif de réduction des émissions de CO2 de 30 % d’ici à 2030, et de 15 % en 2025. Or ces objectifs seront calculés par rapport aux niveaux d’émissions déclarés par les fabricants en 2020 dans le cadre de l’actuel cycle NEDC. D’où l’intérêt de la tromperie.
Des émissions « gonflées » jusqu’à 13 %
Bruxelles assure avoir accumulé des « preuves ». Selon les données collectées, les rejets de CO2 seraient gonflés en moyenne de 4,5 % et jusqu’à 13 %. Concrètement, lors des contrôles en laboratoire, les constructeurs auraient par exemple fait tester leurs voitures avec des batteries déchargées (nécessitant donc de consommer plus, et d’émettre davantage de CO2 pour qu’elle se recharge) ou en désactivant le système « start & stop ».
« Les objectifs de 2025 et 2030 seraient fragilisés par un point de départ gonflé », conclut la Commission, qui recommande de ne plus baser les calculs sur les valeurs déclarées par les constructeurs, mais sur les niveaux mesurés par des organismes indépendants dans le cadre du nouveau protocole WLTP.
« Après le dieselgate, les constructeurs automobiles avaient promis de changeret que les nouveaux tests étaient la solution. Maintenant, il est clair qu’ils sont en train de les utiliser pour saper les nouveaux standards de CO2, estime William Todts, directeur de l’ONG Transport & Environment. Ils veulent s’y conformer avec un minimum d’efforts pour pouvoir continuer à vendre des diesels et retarder la transition vers les voitures électriques. »
Les constructeurs seront sanctionnés s’ils ne respectent pas les objectifs de réduction fixés pour 2025 et 2030. Ils sont soupçonnés de s’être mis d’accord pour ne pas être pénalisés
les uns par rapport aux autres, estime-t-on à Transport & Environment.
Interrogé par l’AFP, le constructeur allemand BMW a affirmé « faire tout son possible » pour parvenir à l’objectif ambitieux fixé par l’UE tout en assurant se conformer aux outils de mesures réglementaires. En France, PSA assure effectuer ces mesures « en toute transparence » sous le contrôle d’organismes indépendants.
https://www.lemonde.fr/automobile/a...anipulations-d-emissions_5335805_1654940.html
Les constructeurs automobiles sont décidément plein de ressources. Le scandale du « dieselgate » avait révélé en 2015 que Volkswagen (VW), notamment, avait truqué ses moteurs afin de minorer les rejets d’oxyde d’azote, un gaz très toxique, lors des tests d’homologation. Cette fois, ils sont soupçonnés, au contraire, de « gonfler » les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de leurs flottes afin de satisfaire aux futures normes.
L’alerte a été donnée par la Commission européenne. Dans un courrier daté du 18 juillet que Le Monde a pu consulter, les commissaires chargés respectivement du climat et de l’énergie (Miguel Canete) et de l’industrie (Elzbieta Bienkowska) révèlent que « des données collectées par les autorités des Etats membres » ont mis en évidence que des constructeurs avaient volontairement « gonflé » leurs niveaux d’émissions.
A partir de 2021, voitures et utilitaires seront soumis à un nouveau test harmonisé au niveau mondial appelé « WLPT » (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test Procedure), en lieu et place de l’actuel protocole dit « NEDC ». Principal changement, les réductions de CO2 des voitures seront désormais mesurées en pourcentage et non plus en valeur absolue (gramme par kilomètre) comme c’est le cas aujourd’hui.
L’Union européenne (UE) a imposé aux constructeurs un objectif de réduction des émissions de CO2 de 30 % d’ici à 2030, et de 15 % en 2025. Or ces objectifs seront calculés par rapport aux niveaux d’émissions déclarés par les fabricants en 2020 dans le cadre de l’actuel cycle NEDC. D’où l’intérêt de la tromperie.
Des émissions « gonflées » jusqu’à 13 %
Bruxelles assure avoir accumulé des « preuves ». Selon les données collectées, les rejets de CO2 seraient gonflés en moyenne de 4,5 % et jusqu’à 13 %. Concrètement, lors des contrôles en laboratoire, les constructeurs auraient par exemple fait tester leurs voitures avec des batteries déchargées (nécessitant donc de consommer plus, et d’émettre davantage de CO2 pour qu’elle se recharge) ou en désactivant le système « start & stop ».
« Les objectifs de 2025 et 2030 seraient fragilisés par un point de départ gonflé », conclut la Commission, qui recommande de ne plus baser les calculs sur les valeurs déclarées par les constructeurs, mais sur les niveaux mesurés par des organismes indépendants dans le cadre du nouveau protocole WLTP.
« Après le dieselgate, les constructeurs automobiles avaient promis de changeret que les nouveaux tests étaient la solution. Maintenant, il est clair qu’ils sont en train de les utiliser pour saper les nouveaux standards de CO2, estime William Todts, directeur de l’ONG Transport & Environment. Ils veulent s’y conformer avec un minimum d’efforts pour pouvoir continuer à vendre des diesels et retarder la transition vers les voitures électriques. »
Les constructeurs seront sanctionnés s’ils ne respectent pas les objectifs de réduction fixés pour 2025 et 2030. Ils sont soupçonnés de s’être mis d’accord pour ne pas être pénalisés
les uns par rapport aux autres, estime-t-on à Transport & Environment.
Interrogé par l’AFP, le constructeur allemand BMW a affirmé « faire tout son possible » pour parvenir à l’objectif ambitieux fixé par l’UE tout en assurant se conformer aux outils de mesures réglementaires. En France, PSA assure effectuer ces mesures « en toute transparence » sous le contrôle d’organismes indépendants.
https://www.lemonde.fr/automobile/a...anipulations-d-emissions_5335805_1654940.html