Après un bien long confinement, les concessions accueillent de nouveau le chaland à bras ouverts (mais à bonne distance ). Très intéressé par ce modèle depuis l'annonce d'avril 2019, je suis donc retourné essayer le Kuga PHEV.
J'avais en effet déjà essayé l'engin début mars dès son arrivée en concession, en finition ST-Line X (la plus "sportive", et la mieux équipée hormis la Vignale), pendant une demie-heure seulement. Une durée bien trop courte pour quelqu'un qui songeait sérieusement à l'achat. Un second rendez-vous pour un test plus long (et en couple) était donc en cours de programmation, puis tout s'arrêta. Pause de deux mois.
J'ai donc retrouvé mon commercial masqué derrière sa barrière de plexiglas, dans un hall d'exposition où nous n'étions pas les seuls visiteurs. Cela fait plaisir ! Mais pour raisons sanitaires, pas question qu'il nous accompagne sur l'essai, ce qui n'était pas plus mal finalement . Cette fois nous avions droit à une heure, suffisante (?) pour accomplir en particulier deux missions bien précises :
Nous verrons plus loin ce qu'il en fut, mais les constats faits en mars se sont confirmés : la présentation intérieure n'est pas désagréable, je dirais même assez réussie dans l'ensemble. Mais elle est perfectible sur pas mal de points. Entre autres, quelques plastiques en parties basses sont assez indignes, par exemple le couvercle de la boite à gants du passager. En mars j'avais également constaté que la moquette du coffre et ses ajustements ne sont pas du tout flatteurs. Bref, on est loin du sobre bon-goût et de la finition d'un Tiguan, ou d'un Grandland X (au hasard ...).
Mais je n'insisterai pas trop sur ces aspects : ils ne sont pas rédhibitoires (selon mes critères personnels bien entendu), et chacun se fera son opinion. Qui plus est, je visais un Vignale, d'aspect forcément plus flatteur... mais hélas absent du hall de la concession, toutes motorisations confondues.
Bien plus intéressants selon moi sont les deux écrans et le HUD. De ce point de vue, le Kuga fait très fort ! Certes on pourra toujours déplorer qu'il ne soit pas possible d'afficher la carte du GPS en panoramique derrière le volant comme cela se fait désormais chez VW ou Mercedes. Je le déplore, mais reste indulgent : l'écran central est placé à bonne hauteur, et le HUD incorpore bien sûr les indications de guidage.
Certes on pourra aussi regretter que ce HUD ne s'affiche pas sur le pare-brise. Mais tel qu'il est, il est parfaitement exploitable, car de belle taille et bien visible (après réglages évidemment : luminosité, centrage vertical, et dimension).
Il faut également évoquer Android Auto, de série comme presque partout (hello Monsieur Béhème, il arrive quand dans tes voitures ?). Ou encore le système Ford Sync qui permet par exemple de commander la clim à distance et tout un tas de choses pas essayées faute de temps. Encore un regret : Android Auto ne fonctionne toujours pas en Bluetooth, il faut brancher le téléphone sur l'USB. C'est pourtant possible, la norme de Google le permet et Mercedes au moins l'a implémentée.
Il y a aussi le stationnement entièrement autonome : plus d'action sur les pédales, la voiture fait la manœuvre entièrement seule. Mais pas essayé non plus, faute de temps !
Et bien sûr, toutes les aides à la conduite qui deviennent désormais classiques, comme le régulateur adaptatif avec fonction stop and go, le maintien dans la file, le freinage en cas de risque de collision avec un piéton ou un cycliste, ou les avertisseurs d'angle-mort.
Quant aux phares LED dits intelligents, l'essai était de jour ...
Côté confort, seul le siège conducteur peut être électrique, même sur la Vignale. Mauvais point. Par contre seule cette version ultime incorpore des mémoires de positionnement (couplées à celles des rétroviseurs extérieurs et, semble-t-il, au recul du siège pour faciliter la montée à bord).
Je rappelle aussi la présence d'une banquette donc chaque partie peut coulisser sur 15 cm, qui permet de choisir entre plus de place aux jambes ou plus dans le coffre.
Bref, une voiture très bien équipée dans cette version ST Line X équipée du pack qui va bien. Pour trouver aussi complet à prix aussi raisonnable il faut aller voir du côté des Coréennes, mais pour le moment le Niro PHEV est le seul concurrent possible, et il est d'un gabarit inférieur.
Côté conduite, la molette PRND qui remplace le levier de sélection n'est pas des plus intuitives. Il faut la tourner à fond dans un sens (3 clics) pour passer de P à D, puis la tourner de 2 clics dans l'autre sens pour passer de D en R par exemple. En utilisation à l'aveugle, il faudra donc compter 2 clics pour alterner la marche AV et la marche AR, sans se tromper de sens. J'imagine que cela peut devenir un réflexe, mais pour moi rien ne remplacera le joystick qui tombe idéalement sous les doigts des Toyota hybrides (pas toutes hélas), ou de l'Outlander. Mais honnêtement, on s'habitue plus vite à cette molette que je ne le craignais.
La bonne surface des vitrages, y compris de la lunette arrière, est par contre un point très appréciable de l'auto, qui dispose par ailleurs de caméras 180 degrés offrant une bonne résolution, à l'avant comme à l'arrière. Je regrette tout de même l'absence d'une vraie vision 360 degrés, même en option : il manque la vision latérale, ce qui confirme définitivement que 180 + 180 ne font pas toujours 360
Ford a toutefois traité la question : si aucune caméra ne couvre effectivement les côtés, ces derniers sont tout de même surveillés par les radars situés aux extrémités des boucliers avant et arrière, ce qui permet à l'écran d'afficher fièrement une "vue haute" de la voiture sur 360°, côtés compris. A la place des images des côtés on trouve des zones grises, qui changent de couleur si la voiture s'approche d'un obstacle.
Dès les premiers tours de roues ce qui me frappe (à nouveau) c'est la légèreté de la direction, par ailleurs plutôt directe. Rien de très extraordinaire toutefois : je suis habitué à la direction moins assistée de mon Outlander 2014, voilà tout. Celle du Grandland X m'avait d'ailleurs semblé encore plus légère.
La deuxième sensation, c'est bien sûr le silence (nous sommes encore en mode électrique). Lors du premier essai j'avais critiqué les bruits de roulement provenant des pneus : ils ont très fortement diminué. Ou alors le confinement m'a fait perdre une partie de mon acuité auditive ? La seule autre explication serait un changement de pneus, ou un ajustement des pressions. Mystère. Toujours est-il que ce Kuga est vraiment silencieux en ville, malgré un défaut tout de même : on entend l'AVAS (avertisseur sonore destiné aux piétons) de l'intérieur quand on est à l'arrêt. J'espère que Ford corrigera ce défaut, car la voiture n'a aucune raison d'avertir le monde extérieur quand elle est immobile.
Est-il toujours aussi discret à vitesse élevée ? Réponse oui, du moins tant qu'on roule à vitesse stabilisée ou en n'accélerant pas trop fort. Je n'ai pu faire qu'une seule forte accélération pour atteindre 120 km/h, hélas en partant de 90 km/h sur une autoroute urbaine où la vitesse maximale autorisée est de... 90 km/h. Pas de problème, la voiture pousse bien, un peu plus fort que l'Outlander, mais évidemment bien moins fort que l'hybride 300 ch de chez PSA, qui est une bombe il faut bien le dire. Les sensations du conducteur sont totalement en adéquation avec les chiffres d'accélération de ces trois constructeurs, et sur ce plan, le Grandland X ne joue pas dans la même cour.
Il faut noter que le mode électrique seul fait preuve d'une très jolie pêche. De nombreuses revues font état d'une puissance de seulement 61 ch : pour moi c'est peu probable ! Elle avoisine les 120 ch selon des revues étrangères, manifestement mieux renseignées que les françaises. Mais ce sera à confirmer car je n'ai pas encore vu le chiffre officiel de Ford. En tout cas cela pousse vraiment fort, et on peut déjà faire des dépassements-éclair en mode EV !
Pour revenir à notre forte accélération pied au plancher en mode EV Auto, il provoque bien sûr le déclenchement immédiat du thermique, et ceci sans aucun a-coup : merci à la transmission continue sous brevet Toyota. Mais cela provoque également une soudaine émission de décibels et clairement, ce thermique est plus présent que celui du Grandland. Je l'avais déjà écrit, mais contrairement au bruit de roulement, la chose est confirmée.
Quand il est fortement sollicité ce moteur "grogne" en privilégiant des fréquences graves, un peu comme un 6 cylindres de chez Porsche qui resterait calé à 4000 tours. Alors que ceux du Grandland et de l'Outlander donnent tous deux dans l'aigu. Il en résulte une impression de "force placide" bien audible sur le Ford, et de "moulin à café" bien plus discret sur les deux autres. Lequel des trois est préférable ? Si on privilégie le silence, c'est incontestablement le Grandland. Si on aime les moteurs qui font un bruit "sympa" ce sera le Kuga. Je suis clairement dans la première catégorie, mais je me console en appréciant la sonorité sympathique du 4 cylindre qui chante comme un 6 (ou un 3, au choix).
A ce stade de l'essai, la messe semble dite : étant très attachés au silence, c'est le Grandland qu'il nous faut. Mais ce serait oublier le fait que le grognement du Kuga n'a été obtenu qu'à l'occasion d'une accélération hors-norme. Chez moi le pied au plancher, c'est pour dépasser sur route, c'est de plus en plus rare (vitesse limite de 80 oblige) et ça ne dure par définition jamais longtemps. Et dès qu'on relâche le pied pour reprendre une vitesse stable, le thermique se fait vraiment oublier. Donc pas de problème, en fait.
Côté bruits d'air, je ne suis pas resté plus de quelques secondes à 120 km/h puisque c'était 30 de trop, donc difficile d'en juger de manière certaine. Cela m'a en tout cas semblé très bon, de même que pour les bruits de roulement.
Pour ce qui est des liaisons au sol, deux constats : le Kuga vire bien à plat, sa direction est précise, le coin du capot ne s'écrase pas sous l'appui. Mais le confort m'a paru un léger cran en dessous de celui du Grandland, la suspension parait plus sèche. Resterait à voir si celle du Vignale l'est autant, mais quoi qu'il en soit cette raideur reste supportable, et on est encore loin du "tape-cul" intégral. Par ailleurs j'ai oublié de regarder la dimension des roues de cet voiture d'essai, car les options de jantes 19 et 20 pouces donnent lieu à des hauteurs de flancs très basses et forcément inconfortables.
En synthèse, le comportement routier me convient très bien, et côté bruit jusqu'ici tout ne va pas trop mal, à défaut d'être sans reproche.
Nous abordons maintenant la phase 2 du cahier des charges : la forte côte en mode hybride. Au pied de la montée en question (qui simule parfaitement un col de montagne moyen, sauf que la vitesse est limitée à 50), je passe du mode "EV maintenant" à "EV plus tard" (EV Later su la photo, bien sûr). Ceci permet de sauvegarder la réserve électrique pour plus tard, et donc, de se trouver instantanément en mode hybride. Et là, le verdict est immédiat : le thermique à la Porsche refait son apparition ! Sauf que cette fois je ne suis pas entrain d'accélérer comme un malade, je roule tout à fait gentiment dans une montée urbaine, à 30 ou 40 km/h. Damned !
Discussion avec Madame : qu'en penses-tu ? On l'entend bien, hein ?
Ha oui, c'est sûr !
Tu crois qu'on l'entend plus que dans l'Outlander ?
J'ai l'impression. Au moins autant en tout cas.
Mais il est moins désagréable comme bruit, bien plus grave.
Peut-être, en tout cas on l'entend.
Il faut l'avouer, c'est un peu la douche froide. Mais bizarrement, ma passagère préférée, qui plébiscitait pourtant le Grandland jusqu'à ce que je la traine littéralement pour un brin de conduite en Kuga, ne me dit pas "là c'est trop, l'Opel est mieux c'est évident !". Si elle l'avait dit, l'aventure Kuga était terminée, j'aurais suivi, puisque je n'étais pas loin de le dire moi-même.
Mais d'une part, nous n'avions pas amené le Grandland sur ce genre de côte en mode hybride. Ferait-il beaucoup mieux ?
Et d'autre part, ma femme avait été sensible à mon discours sur la fiabilité probable du Ford, sur son espace de chargement supérieur. Va-t-on les sacrifier sur l'autel du silence ?
Sans parler du fait qu'elle venait de découvrir certains équipements comme le HUD, qu'elle ne connaissait pas jusqu'à ce jour. Je vois bien que depuis le début de l'essai elle aime bien la voiture, elle aussi.
En outre, la version Vignale est équipée du dispositif ANC (in french : annulation active du bruit), qui est censé contrecarrer les ondes sonores en émettant des ondes opposées sur les HP de la sono. Donc elle ne pourra que faire mieux, même si je ne suis pas sûr que ce système agisse efficacement sur le bruit du thermique ... En tout cas selon des essayeurs, il a bien une action sur le bruit.
Enfin et surtout, ce mode "EV plus tard" privilégie l'énergie du thermique à 100 %, cherchant à préserver absolument la charge de la batterie. Tout se passe donc manifestement comme si on roulait vraiment avec une batterie vide, ce qui n'est pas conseillé en montagne. Il suffit de repasser en mode EV Auto, et le système fait appel à la batterie en soutien du thermique ce qui le rend à peu près aussi discret qu'en plaine. Bien sûr cela décharge la batterie : il conviendra donc d'anticiper les longues montées, en prévoyant de les aborder avec une bonne réserve d'électrons.
C'est ni plus ni moins ce que je fais déjà avec l'Outlander PHEV depuis plus de cinq ans, sinon il hurle quand il grimpe avec sa batterie vide. Rien de nouveau sous le soleil finalement, sauf que le Kuga ne hurle pas, il grogne.
Et la consommation dans tout cela ? Au risque de décevoir, je n'ai même pas cherché à l'évaluer, tant les essais de la presse complimentent la voiture sur ce plan et confirment les très bons chiffres de la norme WLTP. Mon opinion était déjà faite, et nous n'étions pas venus pour cela. Il en est de même pour l'autonomie électrique : avec une batterie de 14,4 kWh et l'excellent système inspiré par Toyota (gros 4 cylindres atmo Atkinson + transmission e-CVT), l'auto va à coup sûr se faire une solide réputation de ce point de vue également. Seul le RAV4 rechargeable fera mieux, grâce à une batterie beaucoup grosse.
Conclusion : Kuga Vignale finalement validé, et donc commandé !
J'avais en effet déjà essayé l'engin début mars dès son arrivée en concession, en finition ST-Line X (la plus "sportive", et la mieux équipée hormis la Vignale), pendant une demie-heure seulement. Une durée bien trop courte pour quelqu'un qui songeait sérieusement à l'achat. Un second rendez-vous pour un test plus long (et en couple) était donc en cours de programmation, puis tout s'arrêta. Pause de deux mois.
J'ai donc retrouvé mon commercial masqué derrière sa barrière de plexiglas, dans un hall d'exposition où nous n'étions pas les seuls visiteurs. Cela fait plaisir ! Mais pour raisons sanitaires, pas question qu'il nous accompagne sur l'essai, ce qui n'était pas plus mal finalement . Cette fois nous avions droit à une heure, suffisante (?) pour accomplir en particulier deux missions bien précises :
- accélérer pour atteindre 120 km/h, et écouter les bruits
- rejoindre une bonne montée, quitter le mode EV pour passer en mode hybride, et écouter le bruit du thermique
Nous verrons plus loin ce qu'il en fut, mais les constats faits en mars se sont confirmés : la présentation intérieure n'est pas désagréable, je dirais même assez réussie dans l'ensemble. Mais elle est perfectible sur pas mal de points. Entre autres, quelques plastiques en parties basses sont assez indignes, par exemple le couvercle de la boite à gants du passager. En mars j'avais également constaté que la moquette du coffre et ses ajustements ne sont pas du tout flatteurs. Bref, on est loin du sobre bon-goût et de la finition d'un Tiguan, ou d'un Grandland X (au hasard ...).
Mais je n'insisterai pas trop sur ces aspects : ils ne sont pas rédhibitoires (selon mes critères personnels bien entendu), et chacun se fera son opinion. Qui plus est, je visais un Vignale, d'aspect forcément plus flatteur... mais hélas absent du hall de la concession, toutes motorisations confondues.
Bien plus intéressants selon moi sont les deux écrans et le HUD. De ce point de vue, le Kuga fait très fort ! Certes on pourra toujours déplorer qu'il ne soit pas possible d'afficher la carte du GPS en panoramique derrière le volant comme cela se fait désormais chez VW ou Mercedes. Je le déplore, mais reste indulgent : l'écran central est placé à bonne hauteur, et le HUD incorpore bien sûr les indications de guidage.
Certes on pourra aussi regretter que ce HUD ne s'affiche pas sur le pare-brise. Mais tel qu'il est, il est parfaitement exploitable, car de belle taille et bien visible (après réglages évidemment : luminosité, centrage vertical, et dimension).
Il faut également évoquer Android Auto, de série comme presque partout (hello Monsieur Béhème, il arrive quand dans tes voitures ?). Ou encore le système Ford Sync qui permet par exemple de commander la clim à distance et tout un tas de choses pas essayées faute de temps. Encore un regret : Android Auto ne fonctionne toujours pas en Bluetooth, il faut brancher le téléphone sur l'USB. C'est pourtant possible, la norme de Google le permet et Mercedes au moins l'a implémentée.
Il y a aussi le stationnement entièrement autonome : plus d'action sur les pédales, la voiture fait la manœuvre entièrement seule. Mais pas essayé non plus, faute de temps !
Et bien sûr, toutes les aides à la conduite qui deviennent désormais classiques, comme le régulateur adaptatif avec fonction stop and go, le maintien dans la file, le freinage en cas de risque de collision avec un piéton ou un cycliste, ou les avertisseurs d'angle-mort.
Quant aux phares LED dits intelligents, l'essai était de jour ...
Côté confort, seul le siège conducteur peut être électrique, même sur la Vignale. Mauvais point. Par contre seule cette version ultime incorpore des mémoires de positionnement (couplées à celles des rétroviseurs extérieurs et, semble-t-il, au recul du siège pour faciliter la montée à bord).
Je rappelle aussi la présence d'une banquette donc chaque partie peut coulisser sur 15 cm, qui permet de choisir entre plus de place aux jambes ou plus dans le coffre.
Bref, une voiture très bien équipée dans cette version ST Line X équipée du pack qui va bien. Pour trouver aussi complet à prix aussi raisonnable il faut aller voir du côté des Coréennes, mais pour le moment le Niro PHEV est le seul concurrent possible, et il est d'un gabarit inférieur.
Côté conduite, la molette PRND qui remplace le levier de sélection n'est pas des plus intuitives. Il faut la tourner à fond dans un sens (3 clics) pour passer de P à D, puis la tourner de 2 clics dans l'autre sens pour passer de D en R par exemple. En utilisation à l'aveugle, il faudra donc compter 2 clics pour alterner la marche AV et la marche AR, sans se tromper de sens. J'imagine que cela peut devenir un réflexe, mais pour moi rien ne remplacera le joystick qui tombe idéalement sous les doigts des Toyota hybrides (pas toutes hélas), ou de l'Outlander. Mais honnêtement, on s'habitue plus vite à cette molette que je ne le craignais.
La bonne surface des vitrages, y compris de la lunette arrière, est par contre un point très appréciable de l'auto, qui dispose par ailleurs de caméras 180 degrés offrant une bonne résolution, à l'avant comme à l'arrière. Je regrette tout de même l'absence d'une vraie vision 360 degrés, même en option : il manque la vision latérale, ce qui confirme définitivement que 180 + 180 ne font pas toujours 360
Ford a toutefois traité la question : si aucune caméra ne couvre effectivement les côtés, ces derniers sont tout de même surveillés par les radars situés aux extrémités des boucliers avant et arrière, ce qui permet à l'écran d'afficher fièrement une "vue haute" de la voiture sur 360°, côtés compris. A la place des images des côtés on trouve des zones grises, qui changent de couleur si la voiture s'approche d'un obstacle.
Dès les premiers tours de roues ce qui me frappe (à nouveau) c'est la légèreté de la direction, par ailleurs plutôt directe. Rien de très extraordinaire toutefois : je suis habitué à la direction moins assistée de mon Outlander 2014, voilà tout. Celle du Grandland X m'avait d'ailleurs semblé encore plus légère.
La deuxième sensation, c'est bien sûr le silence (nous sommes encore en mode électrique). Lors du premier essai j'avais critiqué les bruits de roulement provenant des pneus : ils ont très fortement diminué. Ou alors le confinement m'a fait perdre une partie de mon acuité auditive ? La seule autre explication serait un changement de pneus, ou un ajustement des pressions. Mystère. Toujours est-il que ce Kuga est vraiment silencieux en ville, malgré un défaut tout de même : on entend l'AVAS (avertisseur sonore destiné aux piétons) de l'intérieur quand on est à l'arrêt. J'espère que Ford corrigera ce défaut, car la voiture n'a aucune raison d'avertir le monde extérieur quand elle est immobile.
Est-il toujours aussi discret à vitesse élevée ? Réponse oui, du moins tant qu'on roule à vitesse stabilisée ou en n'accélerant pas trop fort. Je n'ai pu faire qu'une seule forte accélération pour atteindre 120 km/h, hélas en partant de 90 km/h sur une autoroute urbaine où la vitesse maximale autorisée est de... 90 km/h. Pas de problème, la voiture pousse bien, un peu plus fort que l'Outlander, mais évidemment bien moins fort que l'hybride 300 ch de chez PSA, qui est une bombe il faut bien le dire. Les sensations du conducteur sont totalement en adéquation avec les chiffres d'accélération de ces trois constructeurs, et sur ce plan, le Grandland X ne joue pas dans la même cour.
Il faut noter que le mode électrique seul fait preuve d'une très jolie pêche. De nombreuses revues font état d'une puissance de seulement 61 ch : pour moi c'est peu probable ! Elle avoisine les 120 ch selon des revues étrangères, manifestement mieux renseignées que les françaises. Mais ce sera à confirmer car je n'ai pas encore vu le chiffre officiel de Ford. En tout cas cela pousse vraiment fort, et on peut déjà faire des dépassements-éclair en mode EV !
Pour revenir à notre forte accélération pied au plancher en mode EV Auto, il provoque bien sûr le déclenchement immédiat du thermique, et ceci sans aucun a-coup : merci à la transmission continue sous brevet Toyota. Mais cela provoque également une soudaine émission de décibels et clairement, ce thermique est plus présent que celui du Grandland. Je l'avais déjà écrit, mais contrairement au bruit de roulement, la chose est confirmée.
Quand il est fortement sollicité ce moteur "grogne" en privilégiant des fréquences graves, un peu comme un 6 cylindres de chez Porsche qui resterait calé à 4000 tours. Alors que ceux du Grandland et de l'Outlander donnent tous deux dans l'aigu. Il en résulte une impression de "force placide" bien audible sur le Ford, et de "moulin à café" bien plus discret sur les deux autres. Lequel des trois est préférable ? Si on privilégie le silence, c'est incontestablement le Grandland. Si on aime les moteurs qui font un bruit "sympa" ce sera le Kuga. Je suis clairement dans la première catégorie, mais je me console en appréciant la sonorité sympathique du 4 cylindre qui chante comme un 6 (ou un 3, au choix).
A ce stade de l'essai, la messe semble dite : étant très attachés au silence, c'est le Grandland qu'il nous faut. Mais ce serait oublier le fait que le grognement du Kuga n'a été obtenu qu'à l'occasion d'une accélération hors-norme. Chez moi le pied au plancher, c'est pour dépasser sur route, c'est de plus en plus rare (vitesse limite de 80 oblige) et ça ne dure par définition jamais longtemps. Et dès qu'on relâche le pied pour reprendre une vitesse stable, le thermique se fait vraiment oublier. Donc pas de problème, en fait.
Côté bruits d'air, je ne suis pas resté plus de quelques secondes à 120 km/h puisque c'était 30 de trop, donc difficile d'en juger de manière certaine. Cela m'a en tout cas semblé très bon, de même que pour les bruits de roulement.
Pour ce qui est des liaisons au sol, deux constats : le Kuga vire bien à plat, sa direction est précise, le coin du capot ne s'écrase pas sous l'appui. Mais le confort m'a paru un léger cran en dessous de celui du Grandland, la suspension parait plus sèche. Resterait à voir si celle du Vignale l'est autant, mais quoi qu'il en soit cette raideur reste supportable, et on est encore loin du "tape-cul" intégral. Par ailleurs j'ai oublié de regarder la dimension des roues de cet voiture d'essai, car les options de jantes 19 et 20 pouces donnent lieu à des hauteurs de flancs très basses et forcément inconfortables.
En synthèse, le comportement routier me convient très bien, et côté bruit jusqu'ici tout ne va pas trop mal, à défaut d'être sans reproche.
Nous abordons maintenant la phase 2 du cahier des charges : la forte côte en mode hybride. Au pied de la montée en question (qui simule parfaitement un col de montagne moyen, sauf que la vitesse est limitée à 50), je passe du mode "EV maintenant" à "EV plus tard" (EV Later su la photo, bien sûr). Ceci permet de sauvegarder la réserve électrique pour plus tard, et donc, de se trouver instantanément en mode hybride. Et là, le verdict est immédiat : le thermique à la Porsche refait son apparition ! Sauf que cette fois je ne suis pas entrain d'accélérer comme un malade, je roule tout à fait gentiment dans une montée urbaine, à 30 ou 40 km/h. Damned !
Discussion avec Madame : qu'en penses-tu ? On l'entend bien, hein ?
Ha oui, c'est sûr !
Tu crois qu'on l'entend plus que dans l'Outlander ?
J'ai l'impression. Au moins autant en tout cas.
Mais il est moins désagréable comme bruit, bien plus grave.
Peut-être, en tout cas on l'entend.
Il faut l'avouer, c'est un peu la douche froide. Mais bizarrement, ma passagère préférée, qui plébiscitait pourtant le Grandland jusqu'à ce que je la traine littéralement pour un brin de conduite en Kuga, ne me dit pas "là c'est trop, l'Opel est mieux c'est évident !". Si elle l'avait dit, l'aventure Kuga était terminée, j'aurais suivi, puisque je n'étais pas loin de le dire moi-même.
Mais d'une part, nous n'avions pas amené le Grandland sur ce genre de côte en mode hybride. Ferait-il beaucoup mieux ?
Et d'autre part, ma femme avait été sensible à mon discours sur la fiabilité probable du Ford, sur son espace de chargement supérieur. Va-t-on les sacrifier sur l'autel du silence ?
Sans parler du fait qu'elle venait de découvrir certains équipements comme le HUD, qu'elle ne connaissait pas jusqu'à ce jour. Je vois bien que depuis le début de l'essai elle aime bien la voiture, elle aussi.
En outre, la version Vignale est équipée du dispositif ANC (in french : annulation active du bruit), qui est censé contrecarrer les ondes sonores en émettant des ondes opposées sur les HP de la sono. Donc elle ne pourra que faire mieux, même si je ne suis pas sûr que ce système agisse efficacement sur le bruit du thermique ... En tout cas selon des essayeurs, il a bien une action sur le bruit.
Enfin et surtout, ce mode "EV plus tard" privilégie l'énergie du thermique à 100 %, cherchant à préserver absolument la charge de la batterie. Tout se passe donc manifestement comme si on roulait vraiment avec une batterie vide, ce qui n'est pas conseillé en montagne. Il suffit de repasser en mode EV Auto, et le système fait appel à la batterie en soutien du thermique ce qui le rend à peu près aussi discret qu'en plaine. Bien sûr cela décharge la batterie : il conviendra donc d'anticiper les longues montées, en prévoyant de les aborder avec une bonne réserve d'électrons.
C'est ni plus ni moins ce que je fais déjà avec l'Outlander PHEV depuis plus de cinq ans, sinon il hurle quand il grimpe avec sa batterie vide. Rien de nouveau sous le soleil finalement, sauf que le Kuga ne hurle pas, il grogne.
Et la consommation dans tout cela ? Au risque de décevoir, je n'ai même pas cherché à l'évaluer, tant les essais de la presse complimentent la voiture sur ce plan et confirment les très bons chiffres de la norme WLTP. Mon opinion était déjà faite, et nous n'étions pas venus pour cela. Il en est de même pour l'autonomie électrique : avec une batterie de 14,4 kWh et l'excellent système inspiré par Toyota (gros 4 cylindres atmo Atkinson + transmission e-CVT), l'auto va à coup sûr se faire une solide réputation de ce point de vue également. Seul le RAV4 rechargeable fera mieux, grâce à une batterie beaucoup grosse.
Conclusion : Kuga Vignale finalement validé, et donc commandé !
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