Helvetoy 100% d'accord - le fait qu'il y a autant d'unités de mesure et que personne n'ait un ordre de grandeur n'aide pas du tout... Et pour couronner le tout, il y a aussi les "anciennes" et les "nouvelles" unités de mesure.
Déjà, il faut savoir qu'on arrive à mesurer des doses absolument infimes, "microscopiques" et qui n'ont aucun effet sur l'humain. Un peu comme si on avait une marée noire à Brest, et que les scientifiques de Buenos Aires arrivaient à détecter et mesurer la quantité de pétrole arrivée jusqu'à eux. Être capable de détecter et mesurer de la radioactivité ne signifie pas qu'il y a danger, loin de là.
Version courte : seules les mesures en Sieverts par heure sont parlantes et utiles (Sv/h, et pour les petites valeurs usuelles on voit surtout des
milli-Sievert/an et micro-Sievert/heure, soit
mSv/an et µSv/h). Tout le reste est de la mesure technique qui ne dit pas grand-chose sur le risque ou les effets sur les personnes. Si un article mélange les unités, c'est soit pour informer des gens pointus, soit pour faire peur. En particulier, les mesures en Becquerel, qui comptent littéralement le nombre d'atomes, donnent tout de suite des gros chiffres - très utile pour faire peur.
Version longue : il faut se représenter une matière radioactive comme une ampoule, et la radioactivité comme la lumière qu'elle émet. On peut mesurer :
- la puissance de l'ampoule elle-même, indépendamment de ce qui se passe autour. L'équivalent de la puissance, c'est
l'activité. Ça se mesure en
becquerels, et ça compte directement le nombre de noyaux radioactifs qui se désintègrent par seconde. Pour la lumière, il existe des sub-divisions comme UVA, UVB, la lumière visible, l'infrarouge ; pour la radioactivité c'est pareil, il y a plusieurs "sortes" de rayonnements : alpha, beta, gamma. Tout comme pour les différents types de lumière, certains types de rayonnement ont plus d'effets sur le corps humain que d'autres, donc donner une mesure brute en becquerels ne donnera pas d'idée si c'est inoffensif ou mortel. En plus, les becquerels étant une toute petite unité, pour la moindre radioactivité on se retrouve avec des gros chiffres.
Pour info un être humain a une activité d'environ 100 becquerels/kg, donc une personne de 80 kg a une radioactivité de 8000 becquerels. Vous vous rendez compte ! 8000 becquerels, c'est terrible
(je rappelle que l'ACRO avait fait un communiqué de presse qui a déclenché l'hystérie pour de l'eau à 30 ou 40 becquerels/litre. Le mec qui a fait la mesure était plus radioactif que l'eau qu'il mesurait...).
- les unités réellement "utiles" : la dose efficace en Sievert, et le
débit de dose en Sievert/heure. Ici, ce n'est plus une mesure physique, mais une évaluation des effets sur un humain. Dans le cas de l'ampoule, ce serait un peu comme parler de brulures du premier ou deuxième degré après l'avoir touchée, mais avec une unité de mesure. On ne mesure plus l'ampoule, mais on évalue les effets qu'elle a sur le bonhomme. L'évaluation tient compte d'un tas de paramètres : types de rayonnements et intensité, distance de la personne, organes touchés. Elle est pratique parce qu'elle réduit tout à une seule chose : est-ce grave pour la personne ou non ? On peut mesurer soit la "quantité globale d'effets" en Sievert soit "la quantité d'effet qu'on se prend en une heure ou en un an" en Sievert par heure ou par an.
Pour une dose <100 mSv, on n'a jamais constaté d'effet sur la santé.
En France, on subit
2.4 mSv/an en moyenne surtout à cause de la radioactivité naturelle. Pour le public, la loi fixe la limite maximale pour la dose artificielle subie (hors médical) à
+1mSv/an. Les centrales françaises nous font subir <0.01 mSv/an, on est loin du compte.
Ces mesures sont très conservatrices, on peut penser qu'on peut aller au-delà sans trop de souci : dans la ville de Ramsar en Iran, il y a beaucoup de zones à 6 mSv/an + une grosse dose subie à cause du radon. On y trouve même quelques zones naturellement ... au-dessus de
250 mSv/an ! Et pourtant
une étude de l'université de Stanford n'a pas mis en évidence d'excès de cancers ou de surmortalité en comparaison avec les zones autour.
Il y a encore beaucoup de débats autour des effets des petites doses, mais ce sera pour un autre post.