Il y a un recul évident de la confiance dans la technologie, au sens large. Pour moi il y au moins deux facteurs.
Les médias traditionnels font mal le boulot depuis longtemps. A la recherche du sensationnel permanent ils ont un effet de loupe désastreux, incapables de mettre les choses en perspective. Tout le monde se rappelle de la crise de la vache folle des années 90 ? Elle a fait au total en France autant de morts qu’une journée de trafic automobile de l’époque, mais elle nous a marqués quand même. Il y a actuellement des débats incroyables sur les pesticides de synthèse et l’agriculture intensive, alors qu’avant ça les famines faisaient des morts à la pelle, bien plus que l’agriculture n’en fera jamais. Je ne mentionne même pas la couverture média du nucléaire
qui en remplaçant du charbon depuis les années 50 a sauvé des millions de vies. Les vaccins (justement) ont été plus présentés récemment sous l’angle de la controverse (aluminium, autisme, sclérose en plaque) en oubliant de mentionner les millions++ de vies sauvées. Et plus récemment, toujours à la recherche de buzz, les médias donnent du temps d’antenne à tous les zinzins anti-Linky, anti-vaccins, biodynamiciens et homéopathes, sans aucun filtre ou recul.
A côté de ça, l’explosion des réseaux sociaux : n’importe quel crétin a le même accès à la communication qu’un prix Nobel. Toutes les idées délirantes qui, noyées dans la masse, étaient inoffensives, trouvent une caisse de résonance énorme. Il est très facile pour tous les imbéciles qui pensent que la terre est plate de retrouver des congénères et valider mutuellement leurs croyances. Il suffit de voir sur Twitter les cohortes de gens sachant à peine écrire mais persuadés d’avoir percé les grands mystères de complots surpuissants.
C’est peut-être aussi une réaction de rejet globale due au fait que le monde est de plus en plus compliqué à comprendre, et on essaie spontanément de se réfugier dans ce qu’on connaît et qu’on comprend par le « bon sens », qui est de moins en moins adapté à notre environnement. En tout cas cette tendance m’inquiète, je pense que c’est plus de science et de techniques qui vous nous aider à nous en sortir, pas le retour en arrière.